Critique à chaud du polar porté par Rosamund Pike et Ben Affleck.
Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne découvre que sa femme Amy a mystérieusement disparu du domicile conjugal. Aux yeux des autorités, puis du pays tout entier, il va devenir le suspect idéal.
Après Millenium et House of Cards, Gone Girl confirme que David Fincher a changé. A des années-lumière du punk rigolard de Fight Club ou du démiurge maniaque de Zodiac, l’homme s’est mué en illustrateur surdoué, s’emparant d’histoires ayant fait leurs preuves ailleurs (un polar scandinave, une série télé anglaise, un thriller best-seller) pour les mettre à sa main en plaquant sur leurs intrigues ses propres obsessions. Ce qui l’a manifestement excité dans le livre de Gillian Flynn, c’est sa tension sexuelle sous-jacente, qu’il exacerbe, chauffe à blanc, pousse dans ses retranchements. Regards concupiscents des ménagères du Missouri sur les pectoraux de Ben Affleck, caméra s’attardant sur la spectaculaire poitrine d’Emily Ratajkowski, acrobaties de mante religieuse de la divine Rosamund Pike… Ajoutez à ça quelques twists grandiloquents, une scène de douche mémorable, un soupçon de misanthropie, et on se croirait presque dans un bon vieux De Palma. C’est-à-dire dans un fantasme de cinéma ludique et cérébral à la fois, virtuose, très conscient de ses effets. Les grands thèmes du livre sont bien là, respectés à la lettre (peinture de la virilité blessée de l’homme occidental, satire du mariage et des mass media US...), invitant à tout un tas de lectures sociologisantes. Mais ce que vise Fincher avant tout, c’est le divertissement du samedi soir, emballé avec un brio qui va encore une fois faire rougir la concurrence. La seule chose qu’on pourrait lui reprocher, en dernière instance, est que tout ça a presque l’air trop facile pour lui…
Frédéric Foubert
Gone Girl sort le 8 octobre dans les salles.
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