Co-directeur du Théâtre des Quartiers d’Ivry, il met en scène les comédiens du Théâtre National Palestinien dans Antigone de Sophocle. Plus que jamais, cette tragédie surgie de l’Antiquité parle au présent.Propos recueillis par M-C. Nivière Une des particularités de votre lieu est l’ouverture sur le monde. La venue du Théâtre National Palestinien s’inscrit dans cette logique ?Nous invitons effectivement très régulièrement des artistes étrangers à présenter leur travail. Le but est de faire se rencontrer les cultures périphériques, Afrique, Asie, Amérique du Sud, à la nôtre. Nous avions déjà invité le théâtre National Palestinien avec Le Collier d’Hélène de Carole Fréchette dans une mise en scène de Nabil El Azan. A l’époque on s’était dit qu’il fallait créer une collaboration plus conséquente. Pourquoi Antigone ?J’ai beaucoup réfléchi à la pièce que nous allions travailler… Antigone est arrivée parce qu’elle permet de mettre en valeur les qualités de jeu des acteurs. C’est délicat de trouver un texte qui soit en rapport à la situation des Palestiniens. Il ne faut pas oublier que l’on ne fait pas de politique mais du théâtre. Par ses thèmes, Antigone renvoie à ce que connaissent les Palestiniens et le Proche-Orient. Antigone représente le déchirement individuel, les droits de l’homme. Créon impose la politique d’état et le droit de la Cité. Lors de la création à Jérusalem Est, en mai, cela a été émouvant de découvrir la réaction du public palestinien.La rencontre entre les Palestiniens et Antigone fut fulgurante. Il y a une résonance entre ce que raconte la pièce et ce qu’ils vivent. Rapport d’autorité, rapport homme-femme, de mourir et d’être enterré dignement, tout cela leur a parlé. Créon ne supporte pas que ce soit une femme qui dicte sa loi. Antigone n’est pas une déclaration de guerre mais d’amour. « Je suis faite pour l’amour, non pour la haine ». Les jeunes ont réagi à la relation père et fils, Créon et Hémon. La population palestinienne est jeune et ce sont les jeunes qui jettent les pierres. Et Antigone a toujours plu à la jeunesse…C’est vrai qu’énormément de groupes scolaires ont déjà réservé… Comme il y a un quota par rapport à la salle, nous n’en accueillons que deux par soir. Il va y avoir des rencontres avec les jeunes dans les classes. Antigone intéresse parce c’est un classique, mais aussi par sa thématique. La force du texte, c’est la lutte contre toutes les formes d’oppression. On le voit aujourd’hui, les exclus ont trouvé des moyens de lutte comme ceux d’Antigone… Le pouvoir a toujours traité les gens qui s’opposent comme des délinquants, des terroristes, alors qu’ils ne font que des actes de résistance.
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- INTERVIEW - Adel Hakim et le Théâtre National Palestinien
INTERVIEW - Adel Hakim et le Théâtre National Palestinien
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