Interdit aux moins de 17 ans, "le film ne dépeint pas une sexualité heureuse, prévient son créateur. Il dépeint des situations ambiguës."
Andrew Dominik a déjà prévenu que son prochain film, Blonde, le biopic de Marilyn Monroe inspiré du livre éponyme de Joyce Carol Oates, serait "comme ci Citizen Kane avait une fille avec Raging Bull". Cet ouvrage choc, qui dépeint le mal-être de la star hollywoodienne et raconte en détails ses déboires personnels et sexuels, a visiblement inspiré un film tout aussi frappant. Ana de Armas incarne Norma Jean dans cette production de Netflix, qui sera diffusée cette année sur la plateforme, avec une interdiction aux mineurs (NC-17 aux Etats-Unis). Une décision pleinement justifiée pour le réalisateur de Killing Them Softly, qui confirme à Vulture avoir tourné un film "ambigu", qui ne va pas plaire à tout le monde.
"Je trouve qu'on a respecté le projet, qu'on a colorié entre les lignes, explique-t-il. Si vous mettez un groupe d'hommes et de femmes dans une pièce pour parler de leurs comportements sexuels, peut-être que les hommes s'inquièteront de ce que pensent les femmes. C'est juste une période bizarre. Le film ne dépeint pas une sexualité heureuse. Il dépeint des situations ambiguës. Pour faire simple, ça parle d'une enfant qui n'était pas voulue, puis qui est devenue la personne la plus désirée au monde. Elle n'arrivait pas à gérer tout cela." A propos de l'interdiction NC-17, il ajoute : "C'est difficile de choisir pour les gens. Qui sait ? D'un côté, je pense que si on me donnait le choix, je préférerais voir la version NC-17 de l'histoire de Marilyn Monroe. Parce qu'on sait que sa vie était borderline, clairement, vu comment elle s'est terminée... Vous préférez voir la version qui montre tout ou plutôt celle qui est lissée ?"
Il fut un temps envisagé de montrer Blonde dans le cadre du festival de Cannes 2022, mais il sera finalement projeté à la Mostra de Venise, à la rentrée prochaine. Où il risque de faire beaucoup de bruit, reconnaît son créateur, même si pour l'instant, il n'a pas de date de diffusion officielle. Aucune image n'a d'ailleurs été dévoilée. "Netflix, c'est un gros business et ils ont des projets bien plus énormes que Blonde, dans lesquels ils investissent plus d'argent, détaille-t-il. Ils sont capables de débourser 400 millions de dollars pour certains films, donc en sortir 22 millions pour celui-ci, ça ne va pas faire exploser la banque pour eux. Je crois qu'ils veulent simplement mettre en place leur plan marketing avant de montrer quoi que ce soit. Puis on verra avec eux comment ils veulent faire connaître ce film au monde. Mais je crois que quand il sera enfin montré, tout le monde en aura marre d'entendre parler de Blonde."
Andrew Dominik considère enfin que 2022 est une "période intéressante" pour sortir Blonde. Selon lui, le fait de le proposer au public après le mouvement #MeToo lui donne un sens particulier, "car avant cela, personne ne s'intéressait à ces trucs, à ce que ça faisait d'être une fille mal-aimée et d'être broyée dans l'énorme mixeur de viande qu'est Hollywood. S'il était sorti un peu plus tôt, juste après #MeToo, il aurait été compris comme une expression de tout cela, mais à présent, je crois que les gens sont un peu perdus à ce propos, ils ne savent plus où sont les lignes. C'est un film qui a définitivement une certaine moralité, mais ils nage en même temps dans des eaux ambiguës. Je ne crois pas qu'il sera aussi clair et net que ce que le public voudra bien y voir. Il contient des choses qui vont offenser tout le monde."
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