Le classique de Clint Eastwood est à l'honneur ce dimanche sur Arte.
En juin 2017, à l'occasion des 25 ans du chef d’œuvre de Clint Eastwood, Impitoyable ressortait en salle et en Blu-ray remastérisé 4K. Première s'était alors penché sur cinq oeuvres qui en sont les héritières. Nous republions cet article à l'occasion de la rediffusion du western culte, dimanche soir sur Arte.
L’histoire se déroule dans le Wyoming, vers la fin du XIX° siècle, et met en scène un hors-la-loi repenti devenu fermier (Clint Eastwood) parti traquer les agresseurs d’une prostituée qu’ils ont défiguré. Un élan de bonté ? Non, l’ancien criminel veut empocher la récompense. Mais de son côté, le sheriff (Gene Hackman), qui au départ ne voulait pas chasser les criminels, se révèle être guidé lui-aussi par l’appât du gain. Western âpre et violent, radical, instantanément culte, a eu paradoxal un impact immense sur la pop culture. Paradoxal parce que l’ambition du cinéaste était ici de mener le genre à son terminus, d’amener le Western à sa fin – crépusculaire. Mais avec Impitoyable, Eastwood aura aussi réussi à engendrer une suite infinie d’héritiers. Alors qu’on peut le revoir dans toute sa flamboyante beauté, retour sur 5 films (mais pas que) qui se sont largement inspirés d’Unforgiven…
Logan de James Mangold
Le plus récent mais peut-être aussi le plus clair dans ses inspirations eastwoodiennes. Les plaines désertiques du sud des Etats-Unis, un Wolverine vieillissant au bout du rouleau, une gamine paumée qu’il prend sous son aile, une ferme isolée au milieu d’un champ de maïs, une tombe filmée comme un et une violence exacerbée (rare pour un film de super-héros a priori familial)… Depuis le début on sait qu’Eastwood est la matrice essentielle du mutant griffu. Ce film là paye sa dette en jouant avec les symboles et les thèmes eastwoodiens (la mort, la loyauté et la nature humaine). Plus généralement la manière dont Eastwood brouille les frontières entre héros et méchants nourrit toutes les problématiques des films de superhéros…
Yurusarezaru Mono de Lee Sang-il
Il n’y a pas que Ford et Siegel dans la vie… On sait qu’Eastwood était nourri de cinéma japonais (voir son western zen Pale Rider) et on attendait que le pays du soleil levant rende hommage au maître. Sorti en 2013 et un an plus tard en VOD chez nous, ce remake nippon d’Impitoyable suit à la calligraphie près la même histoire que l’original. Sauf que nous ne sommes plus dans le Wyoming, mais à Hokkaido. La période elle ne change pas, pas plus que les protagonistes qui se divisent en deux camps. D’un côté le fermier et ses compagnons, de l’autre une figure autoritaire violente. Au centre, une jeune prostituée balafrée, des voyous et une récompense. Ken Watanabe reprend le rôle d’Eastwood (très grande idée de traduction de casting) et les duels de chambara remplacent ceux aux colts.
Open Range de Kevin Costner
Evidemment, le lien Costner – Eastwood s’imposerait simplement par le chef d’œuvre de poche Un Monde parfait. Mais Open Range, qui marque le retour de Costner au genre 15 ans après Danse avec les loups, puise beaucoup à la source eastwoodienne. Western digne qui aborde la question sous un angle crépusculaire, Open Range montre ses «héros» fourbus plonger à leur corps défendant dans l’action au moment où s'achève une certaine vision «utopiste» de l'Ouest. Comme dans Impitoyable, la construction de la maison Amérique a creusé d'atroces plaies et les tensions montent entre les populations. Impossible de faire un western moderne après Impitoyable sans l’évoquer, même inconsciemment ? Impossible, oui.
Kill Bill Vol.1 & 2 de Quentin Tarantino
Il y a évidemment eu la palme d’Or de Pulp Fiction remise des mains d’Eastwood himself ; il y a ses récents westerns qui montrent (en creux) tout ce que QT doit à Clint (graphiquement ET thématiquement). Mais Impitoyable est un film qui résonne beaucoup dans la filmo de Tarantino. On le voit notamment dans Kill Bill. Dans ce dyptique, le pape du Pulp, multiplie les références au western d’Eastwood. Surtout dans la deuxième partie où la Mariée se rapproche de plus en plus du terrible Bill, son ancien mentor qui a tenté de l’assassiner. Avec sa violence viscérale et ses tueurs à gages qui ont l’air de vieux cowboys, Kill Bill est un cousin éloigné du film de Clint Eastwood, qui multiplie les clins d’œil (citations des dialogues de David Webb Peoples) à volonté.
Red Dead Redemption
Il n’y a donc pas eu que le cinéma à être traumatisé par le western de Clint. Les séries d’abord (Westworld et Deadwood), mais les jeux vidéo aussi s’en sont nourris. Dans le genre, le Red Harlow de Red Dead Redemption doit autant à l’homme sans nom qu’à Bill Munny d’Impitoyable. Une source inépuisable on vous dit.
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