Mars 2012. La société WY Productions annonce la mise en chantier d’un biopic sur la relation amoureuse et professionnelle entre Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, réalisé par Jalil Lespert. Deux mois plus tard, en plein Festival de Cannes, Mandarin Cinéma fait part de son intention de réaliser un autre biopic sur le célèbre couturier centré sur la décennie 1965-1976, sa période la plus féconde. La tâche est confiée à Bertrand Bonello, cinéaste en vue depuis L’Apollonide, Souvenirs de la maison close. Jusque-là, rien que de très ordinaire. « Ça arrive parfois, dans nos métiers, que des gens développent des projets similaires sans se concerter », indique Wassim Béji, producteur chez WY. Là où ça se complique, c’est que Pierre Bergé cautionne rapidement le projet de WY et profère des menaces de procès contre le projet concurrent sans qu’on connaisse vraiment les raisons de cette animosité - Mandarin Cinéma ne souhaite pas pour l’instant s’exprimer sur le sujet. « L’accord de Pierre Bergé est intervenu il y a près d’un an, précise Béji qui ne souhaite pas non plus alimenter la polémique. C’était indispensable pour avoir accès aux robes et aux dessins originaux d’Yves Saint-Laurent. Il faut savoir qu’il a refusé plein de biopics avant le nôtre. Son accord nous a vraiment légitimés. On s’est ensuite rapprochés du groupe PPR (Pinault-Printemps-Redoute) qui nous a permis d’utiliser la marque. » Pierre Bergé aurait-il, en contrepartie de son soutien infaillible, un droit de regard sur le scénario ? « Pierre Bergé n’est pas un censeur, c’est notoire. Il fait confiance à Jalil qui a passé des jours entiers à recueillir ses confidences. Je serais surpris qu’il intervienne dans le processus créatif sauf en cas d’aberrations techniques ou historiques. »Ulliel vs NineyNovembre 2012. Derrière les bonnes intentions affichées de part et d’autre (à part Bergé, personne n’a débiné personne), la guerre des communiqués continue l’air de rien, accréditant l’idée d’un affrontement qui ne dit pas son nom. Mandarin annonce le choix de l’acteur qui jouera Yves Saint Laurent : Gaspar Ulliel. Deux mois plus tard, c’est au tour de WY de lâcher le nom de Pierre Niney, le grand espoir du cinéma français. « Pierre est vif et intelligent comme l’était Yves Saint Laurent, justifie Béji. On éprouve une grande empathie pour lui, ce qui est primordial pour ce qu’on essaie de faire, à savoir rendre compte d’une belle success-story et de ce que ça représente comme bonheur et comme souffrance de vivre avec un génie. » Avec l’appui de SND et de M6, et un tournage prévu pour juin 2012 (entre Paris et Marrakech), le projet de WY semble sur de bons rails. « Quand on a démarré, il y avait trois projets, un a été arrêté... Je ne vous mentirais pas en vous disant que je ne préférerais pas qu’on soit le seul, conclut Wassim Béji. Le précédent de La guerre des boutons a fait réfléchir la profession. Je ne pense pas qu’on se retrouve dans la même configuration. Le marché, aujourd’hui, ne peut pas absorber deux films de cette taille en même temps. Mon sentiment, c’est qu’il n’y en aura qu’un seul qui se fera à court terme et ce sera le nôtre ! Mais j’imagine que Mandarin a la conviction inverse. »Christophe Narbonne
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Yves Saint Laurent au cinéma : la guerre des boutons de manchette
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