Salvo. Un prénom en forme d’injonction (« je sauve ») et un titre qui met le doigt (enfin carrément la main) sur la thématique lourdingue du film. On a vu ça vingt fois. Un tueur à gages de la mafia tombe amoureux d’une de ses victimes. Elle est aveugle, mais dans ses bras, recouvre la vue. Il décide alors de la protéger et elle devient le catalyseur de sa rédemption. Le film de ces deux Napolitains, scénaristes de Daniele Cipri, croise Melville (façon John Woo) et la série B US (surtout Des Yeux dans la Nuit de Terence Young).La copie est appliquée, consciente et sacrément poseuse. Longs plans-séquences léchés, scènes de violence parfaitement chorégraphiées mais qui ne servent à rien, mutisme symbolique… C’est un peu désincarné, jusqu’à ce que Fabio Grassadonia et Antonio Piazza plongent ces références et ce maniérisme dans le grand bain rital. Là, quelque chose s’excite enfin. Un peu. Après 30 longues minutes aussi lisses que la nuque du héros (filmée comme du Dardenne), les cinéastes agrègent des éléments de farce et de mystique baroque, le tout dans des paysages de western spaghetti. Le mélange entre les fantasmes de polar et la fantasmagorie palermitaine apporte une étrangeté intrigante qui ne suffit pas à faire un bon film, mais permet de rester éveillé et de sauver Salvo. Un peu.Gaël GolhenSalvo, de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, avec Saleh Bakri, Sara Serraiocco, Luigi Lo Cascio, est présenté à la Semaine de la critique.
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