Un drama so british, classique dans la forme mais qui se savoure pour la justesse et la subtilité de son interprète principale, Carey Mulligan
Au départ, il y a un événement historique bel et bien réel : alors que la seconde mondiale approchait à grand pas, un archéologue amateur, contacté par une riche veuve britannique, allait découvrir au cœur de la propriété de cette dernière un trésor archéologique du 7ème siècle (la rombe royale de Sutton Hoo) d’une valeur inestimable qui suscita bien des convoitises. En 2007, le romancier John Preston s’est emparé de cette histoire avec un roman que l’australien Simon Stone porte à l’écran avec la complicité, à l’écriture, de Moira Bufini (Tamara Drewe). Stone respecte ici scrupuleusement le climat so british de l’œuvre originelle et signe un film revendiquant son classicisme, tant dans sa forme que sur le fond, avec un arc scénaristique avare en rebondissements inattendus.
On pourrait donc paisiblement s’y ennuyer si Stone n’avait pas réussir à traduire l’essentiel : le sous- texte, tout ce que cette exhumation des trésors du passé provoque chez ses deux principaux protagonistes. Des questionnements sur de ce qui restera d’eux quand ils disparaîtront. Mais aussi chez la jeune veuve sur comment le passé avec son mari brutalement disparu continue à vivre en elle et impacte aussi bien sa santé fragile que sa manière d’élever leur enfant et son apparente impossibilité à envisager de vivre un nouvel amour. Comme chez James Ivory, les sentiments qu’on n’ose avouer et s’avouer planent avec subtilité sur ce beau mélo, campé par Ralph Fiennes qui a parfois tendance à cabotiner et Carey Mulligan, à l’inverse, d’une émotion rentrée infiniment bouleversante.
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