L’actrice illumine le film avec seulement six mots de dialogue.
Si les performances crépusculaires de Robert de Niro, Al Pacino et Joe Pesci font beaucoup parler, The Irishman est également traversé par la performance à la fois discrète et puissante d’Anna Paquin, qui joue Peggy Sheeran adulte. Un rôle qui nous rappelle qu’il faut toujours compter sur l’actrice oscarisée à l’âge de 12 ans pour La Leçon de piano (1993), dont la carrière contrastée a été marquée par plus de bas que de hauts.
Au milieu d’un casting très masculin, y compris dans les petits rôles (Bobby Cannavale, Harvey Keitel, Jesse Plimmons, Stephen Graham, Ray Romano…), Anna Paquin assure une des rares présences féminines de The Irishman. D’autant qu’elle n’a quasiment pas la moindre ligne de dialogue dans les scènes où elle apparait (tout comme Lucy Gallina qui interprète Peggy jeune). Un choix que Martin Scorsese a bien voulu expliquer au moment de la présentation du long-métrage à New York, en compagnie de Spike Lee.
The Irishman : le bouleversant requiem mafieux de Martin Scorsese (critique)"Je n’arrêtais pas de demander à Steve Zaillian si on pouvait rallonger sa partie dans l’histoire. J’ai décidé qu’elle n’avait pas besoin de dire quoique ce soit. Tu vois ton père faire quelque chose comme ça, je suis désolé… Tu le vois écraser la main d’un type comme ça… d’autres enfants peut-être, mais cette enfant ne pouvait pas l’accepter. Elle le regarde. Elle sait qu’il prépare quelque chose et Lucy était géniale, mais Anna est vraiment incroyable dans ses regards. Elle a une phrase dans le film. Il y a quelque chose dont on ne peut pas parler. Elle le sait. Elle sait qui elle est. Il sait qu’elle sait. Même lorsqu’elle est assise là pendant que la police parle du meurtre de Joey Gallo, ‘un tireur seul est entré…’ et on voit qu’elle le regarde".
Réagissant à ce début de polémique, Anna Paquin avait déclaré de son côté sur Twitter être "incroyablement fière d’avoir pu faire partie de ce film".
Les explications de Martin Scorsese ne suffiront toutefois pas à convaincre ceux qui trouvent que le réalisateur donne trop peu de places aux personnages féminins dans ces films. Lors du Festival de Rome, il s’était agacé de la question d’une journaliste qui avait remis le débat sur le tapis. "Je suis vraiment supposé écrire des rôles féminins ?", avait rétorqué Scorsese. "Si l’histoire n’implique pas de femme, alors en imposer une sera une perte de temps pour tout le monde. Mais si au contraire le récit nécessite la présence d’un personnage féminin, alors pourquoi pas ?"
Martin Scorsese refuse de répondre à une question sur l’absence de femmes dans ses films
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