Une intégrale en format massif permet de revenir aux sources. Un omnibus hautement recommandé.
À l’occasion de la réédition de The Boys en format omnibus (très beau bébé, 1088 pages rien que pour ce premier tome !) chez Panini au début de l’été, nous nous sommes replongés dans ces comics créés en 2006 par le scénariste Garth Ennis et le dessinateur Darick Robertson. Et deux choses sautent immédiatement aux yeux : l’acidité d’Ennis n’a pas pris une ride avec les années ; les trois saisons aussi solides que fantasques de la série n’ont finalement pas grand-chose à voir avec la BD. Dans cette dernière, il est moins question de tourner en dérision les films de super-héros (ainsi que les entreprises qui leur prêtent vie, forcément cyniques) que de déployer un discours anarchiste et de tirer dans tous les sens avec un mauvais goût jubilatoire. Marvel et DC Comics en prennent évidemment pour leur grade, mais Ennis s’attaque surtout à un système qu’il estime corrompu, et utilise les encapés comme métaphore des plus riches, auscultant au passage le rapport déviant qu’entretiennent les sociétés occidentales avec les puissants.
La saison 4 de The Boys va lancer "les Supes les plus dingues"Si The Boys version télé a superbement capté son époque et ses dérives fascistes, son pendant en comics s’applique à raconter la vendetta des 99 %, les laissés pour compte d’un monde qui n’a jamais été pensé pour eux. L’auteur se permet toutes les fantaisies (des digressions à n’en plus finir juste pour le plaisir d’une bonne vanne), défiant les attentes du lecteur à chaque chapitre et s’enfonçant bien plus profondément que la série dans les motivations de Butcher et Hughie. Deux héros complexes, soldats du peuple perclus de traumatismes.
En attendant la diffusion sur Prime Video de la saison 4 de The Boys et de son spin-off, Gen V, l’année prochaine, vous seriez bien avisés de revenir aux sources.
The Boys omnibus 1, Panini Comics, 80 euros, 1088 pages.
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