L’actrice a récemment abandonné le nouveau film de Bruno Dumont pour cette raison.
Depuis Portait de la jeune fille en feu, et son fameux coup de gueule des Césars 2020 où elle avait quitté la salle en protestation au prix reçu par Roman Polanski, Adèle Haenel se fait très discrète au cinéma. Un rôle dans Les héros ne meurent jamais, présenté l’an dernier à la Semaine de la critique à Cannes, et c’est tout.
Ce n’est pas près de s’arranger si l’on en croit les récents propos de l’actrice, qui a déclaré dans plusieurs interviews accordées à des médias étrangers qu’elle allait continuer à s’éloigner du monde du cinéma. Auprès du magazine allemand FAQ, Adèle Haenel déclare ainsi se définir comme actrice de théâtre dans des propos traduits par le site Lesbien Raisonnable : "Maintenant, je ne travaille plus que pour le théâtre, je ne fais plus de films".
"L’industrie cinématographique est absolument réactionnaire, raciste et patriarcale", poursuit-elle. "En quittant définitivement ce secteur, je veux participer à un autre monde, à un autre cinéma (…) Bien sûr, j'ai travaillé dans l'industrie cinématographique et j'ai essayé de changer les choses. Par exemple, la perspective des femmes dans les films. J'ai essayé de changer les choses de l'intérieur. Quand il s'agit du mouvement MeToo, des questions féminines ou du racisme, l'industrie cinématographique est extrêmement problématique. Je ne veux plus en faire partie."
Adèle Haenel raconte ainsi à la revue allemande qu’elle a abandonné le prochain Bruno Dumont, L'Empire, où elle devait partager l’affiche avec Virginie Efira, Lily-Rose Depp et Fabrice Luchini :
"Le réalisateur Bruno Dumont m'a proposé un rôle dans un film de science-fiction. Au début, je me suis dit que ça avait l'air très amusant : une sorte de Luke Skywalker dans l'espace. Le problème, c'est que derrière cette façade amusante, c’était un monde sombre, sexiste et raciste qui était défendu. Le scénario était truffé de blagues sur la cancel culture et les violences sexuelles. J'ai cherché à en discuter avec Dumont, car je pensais qu’un dialogue était possible. J’ai voulu croire pour la énième fois que ce n'est pas intentionnel. Mais c'est intentionnel. Ce mépris est délibéré. Tout comme ils se moquent des victimes, des personnes en situation de faiblesse. L'intention était de faire un film de science-fiction avec un casting entièrement blanc - et donc un récit raciste. Je ne voulais pas soutenir cela, j'ai donc annulé ma participation."
Dans un autre entretien avec le journal italien Il Manifesto, l’actrice engagée précise toutefois qu’elle continuera à jouer dans des petits films où, comme au théâtre, les enjeux économiques, et donc de pouvoir, sont différents.
"Je ne travaillerai plus avec des réalisateurs établis, mais seulement avec de nouveaux artistes qui débutent. La seule avec qui je pourrais travailler est Céline Sciamma car notre relation va au-delà du travail, mais cela devra être dans un autre système économique".
Adèle Haenel est à l'affiche de la pièce de théâtre L'étang, de Gisèle Vienne, actuellement en tournée.
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