Affiches sorties de films du 8 septembre 2021
StudioCanal/ Gaumont/ SND

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT

BOÎTE NOIRE ★★★☆☆

De Yann Gozlan

L’essentiel

Un avion vient de s’écraser dans les Alpes. Un technicien se met à étudier les boites noires et suspecte un attentat… Yann Gozlan signe un polar mental dopé par l’interprétation de Pierre Niney. 

Après le crash d'un avion, le BEA doit décrypter la boîte noire de l'appareil. Est-ce un acte terroriste ou un tragique accident dû à un problème mécanique ? Même les experts se contredisent. Dès le début du film, Gozlan plonge ses spectateurs dans la cabine au moment  de l’impact. La séquence est percutante mais le doute s’installe. A-t-on vraiment vu se lever un homme suspect au dernier moment ? Est-ce qu’on a vraiment entendu un « Allah ouakbar » ? C’est la question qui va également ronger Mathieu Vasseur (Pierre Niney). Cet ingénieur prend rapidement en charge l'enquête. Rigoureux c’est un technicien à l’oreille absolue mais qui est aussi buté qu’arrogant. En épousant le point de vue de ce héros ambigu, Gozlan joue avec le réalisme des procédures et des décors.  La quête obsessionnelle de Vasseur se déploie dans une mise en scène sophistiquée qui font de Boite noire un polar paranoïaque efficace. Et puis à mi-parcours, Gozlan quitte les rives de l’enquête scientifique, pour celles du thriller d’action. Plus balisé, le film multiplie les course-poursuites et le jeu de piste se muscle…  Dans les deux cas, l’interprétation de Pierre Niney oblige le spectateur à revoir à chaque fois ses certitudes sur la confiance qu’on peut faire à ce technicien à deux doigts d’emmener le monde dans sa folie.

Pierre Lunn

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

SERRE MOI FORT ★★★★☆

De Mathieu Amalric

Cette adaptation de Je reviens de loin, une pièce de Claudine Galéa, raconte l’histoire d’une femme qui, un petit matin décide de quitter le cocon familial, mari et enfants. Une femme qu’on va suivre tout au long de son périple où vont régulièrement surgir de sa mémoire des souvenirs. Certains réels, d’autres imaginaires, qui vont former ensemble le récit de cette dislocation d’un couple traversée par en permanence par trois interrogations : qui quitte qui ? Qui oublie qui ? Qui recherche qui ? Y répondre serait donc gâcher le bonheur pris devant cette merveille de film, un cinéma de fragments déjà à l’œuvre dans La Chambre bleue et Barbara qui trouve ici un aboutissement magistral, renforçant la puissance mélodramatique du récit en la construisant… dans la déconstruction. Aussi intensément cérébral que puissamment émotionnel, Serre- moi fort s’appuie aussi sur une comédienne impressionnante dans sa manière de traverser et de faire partager ce roller-coaster de sensations contradictoires : l’immense Vicky Krieps

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

LA NUIT DES ROIS ★★★☆☆

De Philippe Lacôte

Ce film du cinéaste franco-ivoirien Philippe Lacôte (Run...) qui emprunte son nom à une comédie shakespearienne, est une plongée sidérante dans une prison surpeuplée d’Abidjan. C’est là que débarque le jeune Roman, dont le nom le prédestine à raconter des histoires. C’est en tout cas, ce que lui impose le parrain du lieu, Barbe noire. La lune rouge oblige le nouveau détenu, tel un héros des Mille et une nuits, à se lancer dans un long récit pour assurer sa survie. La mise en scène d’une puissance foudroyante et le scénario formidablement structuré, provoquent le vertige. Ici la tragédie classique rencontre le fantastique, le récit biblique, le documentaire... Autant dire que cette expérience cinématographique repérée entre autres à Venise et Sundance, est l’un des sommets de cette rentrée.

Thomas Baurez

9 JOURS A RAQQA ★★★☆☆

De Xavier de Lauzanne

Après deux films centrés sur la jeunesse (Enfants valises et Les Pépites), le documentariste Xavier de Lauzanne se lance dans une trilogie consacrée à la reconstruction en Syrie et en Irak des territoires regagnés sur Daech. Le premier volet suit les pas d’une écrivaine, Marine de Tilly, s’envolant en 2019 pour Raqqa, l’ex capitale syrienne de l’Etat Islamique, rencontrer celle qui sera le sujet de son nouveau livre : Leila Mustapha, jeune trentenaire kurde qui partage avec un homme arabe le poste de maire de la ville. La caméra de De Lauzanne accompagne ce périple de 9 jours presque en s’effaçant, épousant finalement la manière dont cette femme musulmane non voilée ne brandit jamais en étendard son engagement pourtant présent à chaque instant dans ses mots comme dans ses silences. Cette héroïne des temps modernes embarquée dans un chantier impossible : réintroduire de la vie dans un lieu où la mort règne en maître depuis des années. Un documentaire puissamment féministe.

Thierry Cheze

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SUPERNOVA ★★★☆☆

De Harry Macqueen

Un voyage comme un adieu. A leurs amis et aux lieux qui ont marqué leur histoire d’amour de 20 ans. Voilà ce qu’entreprennent Sam et Tusker au volant de leur camping- car alors qu’une grave maladie est venue percuter leur bonheur. Tusker souffre d’un Alzheimer appelé à devenir incontrôlable et a une idée très précise de ce qu’il souhaite être sa fin de vie. Idée à laquelle ne souscrit pas Sam. D’abord à fleurets mouchetés, l’inévitable confrontation quand il s’agira de mettre des mots sur des sentiments est ce vers quoi tend ce mélo qui s’assume pleinement. Mais ce récit programmatique et le fait que ce sujet a récemment été souvent traité au cinéma (The Father, Tout s’est bien passé…) n’abîment en rien la puissance émotionnelle toute en subtilité de ce film qu’on doit avant tout à la finesse d’interprétation et à l’alchimie bouleversante qui unit ses deux interprètes, Colin Firth et Stanley Tucci.

Thierry Cheze

LA VIE DE CHÂTEAU ★★★☆☆

De Clémence Madeleine- Perdrillat et Nathaniel H’Limi

Ça commence comme un conte : Violette, huit ans et orpheline depuis peu, doit désormais vivre avec son oncle Régis, agent d’entretien au château de Versailles. La petite fille timide mais au caractère bien trempé et le géant bourru aux multiples fêlures vont devoir composer, afin de recréer une cellule familiale et pourquoi pas trouver le bonheur. Traversé de sujets graves - le deuil, le déracinement et les attentats du 13 novembre 2015 -, La Vie de château trouve sa grandeur dans son regard à hauteur d’enfant et ses décors sublimes, qui en disent plus que n’importe quel dialogue. Un moyen métrage d’animation d’une douceur infinie, pudique et malicieux (très drôle, aussi), porté par la voix enveloppante et caverneuse de Frédéric Pierrot, formidable en vieux lion au grand coeur.

François Léger

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

DELICIEUX ★★☆☆☆

De Eric Besnard

Voilà un film qui tombe à pic ! Un hommage à ces lieux dont on a été bien trop longtemps privé par les confinements successifs (en espérant évidemment qu’on ne fait pas erreur en en parlant au passé !). Le récit de l’invention du premier restaurant à l’aube de la Révolution Française par un cuisinier audacieux renvoyé par le duc pour lequel il travaillait et une jeune femme pleine de mystères et de surprises qui, souhaitant étudier l’art culinaire avec lui, va le pousser à se prendre en main et à inventer ce lieu… révolutionnaire. Eric Besnard (600 kilos d’or pur) change ici de registre en s’aventurant dans son premier film d’époque. Sa mise en images manque cruellement de relief mais son scénario malin dans sa gestion des rebondissements et surtout ses remarquables interprètes – Gregory Gadebois et Isabelle Carré en tête – lui permettent de signer son film le plus emballant à ce jour.

Thierry Cheze

LES MECHANTS ★★☆☆☆

De Mouloud Achour et Dominique Baumard

Un voleur tendance pied nickelé qui dérobe une console de jeux à des migrants, un rappeur nerveux tout juste sorti de prison, une journaliste télé en quête permanente de buzz, un réalisateur invité sur son plateau totalement imbu de lui- même… Une galerie de personnages tous plus secoués les uns que les autres peuplent le premier de Mouloud Achour co- réalisé par Dominique Baumard (scénariste de La Troisième guerre, en salles le 22 septembre). Ce côté bordel permanent a quelque chose d’un enthousiasme adolescent assez emballant mais aussi ses limites. Les Méchants ressemble trop à une succession de sketchs pour ne pas être à la merci du côté inégal de ceux- ci. Mais le duo Roman Frayssinet- Djimo dans les rôles centraux, Mathieu Kassovitz tout en auto- dérision, Anthony Bajon décidément impeccable quel que soit son emploi et des guests heureux comme des gosses de passer une tête emportent régulièrement le morceau.

Thomas Baurez

LE BRAQUAGE DU SIECLE ★★☆☆☆

De Ariel Winograd

Les films de braquage ont repris du poil de la bête depuis le succès planétaire de Casa de Papel. Voilà quelques mois, on découvrait directement sur Canal + Braquage final où Jaume Balaguero racontait le casse d’une banque de Madrid par une bande de cambrioleurs aux méthodes très high tech. Ariel Winograd joue ici, lui, sur un côté beaucoup plus Robin des Bois à l’ingéniosité redoutable, en racontant… l’histoire vraie des braqueurs argentins qui aurait largement inspiré - tiens tiens ! - la fameuse série Netflix en dévalisant en 2006 la banque Rio sans blesser un seul des 23 otages qui se trouvaient à l'intérieur. Son Braquage du siècle reste très scolairement dans les clous du genre, sans y apporter de réelle originalité. Mais la faconde malicieuse de ses personnages et une interprétation sans défaut permettent de passer un bon moment.

Thierry Cheze

ONE MORE JUMP ★★☆☆☆

De Emanuele Gerosa

Sport né en banlieue parisienne qui consiste à franchir par des mouvements agiles les obstacles placés sur sa route, le parkour est au cœur de ce documentaire car pratiqué à haut niveau par les deux amis palestiniens qu’Emanuele Gerosa a choisi de suivre. Le premier, Abdallah a réussi à s’échapper de Gaza pour l’Italie et essayer de vivre de cette discipline comme professionnel. Le second, Jehad, est resté pour s’occuper de son père et entraîner de jeunes athlètes sous l’œil permanent des drôles israéliens. Abdallah et Jehad devait fuir ensemble et le second n’a pas pardonné l’échappée solo du premier. Faut-il partir pour accomplir ses rêves ou rester pour se battre pour son pays ? Voilà la question essentielle qui sous- tend One more jump. Mais 80 minutes apparaissent bien courtes pour tout à la fois creuser les réponses et décrire le quotidien d’Abdallah et Jehad. D’où un sentiment d’inabouti.

Thierry Cheze

QUAND LES TOMATES RENCONTRENT WAGNER ★★☆☆☆

De Marianna Economou

Christos et Aleco installent des enceintes dans les champs. La douce querelle qui les anime est celle du choix de la musique. Tandis que Aleco prétend que la musique classique est meilleure pour les tomates, Christos lui préfère la musique traditionnelle grecque. 

Aleco est le visage du documentaire, idéaliste, il adore raconter des histoires, sa préférée étant celle de Christophe Colomb ramenant des graines de tomates d'Amérique en Europe.  Marianna Economou par son œil passionné rend visible les petites mains des récoltes de tomates, les 33 personnes d’un petit village grec et plus particulièrement les femmes qui travaillent dans la ferme biologique d’Aleco. Comme une grande famille, chacun prend soin de l’autre et croit en l’avenir de cette ferme malheureusement confrontée à ses propres limites en termes de rentabilité fasse à la concurrence de la production de masse mondiale. Un sujet qui n’a rien de nouveau pour les spectateurs mais Marianna Economou rend unique son reportage en y ajoutant une dimension humaine, honnête et portée sur l’avenir.

Lea Michaut

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

RESPECT ★☆☆☆☆

De Liesl Tommy

En juin, on découvrait Billie Holiday, une affaire d’Etat, biopic inégal certes mais qui avait le mérite d’avoir choisi un angle (ses démêlés avec le FBI) pour raconter l’interprète de Strange fruit au lieu de tenter de résumer toute sa vie en deux heures. Dommage que Liesl Tommy n’ait pas choisi de suivre le même chemin pour son biopic d’Aretha Franklin. Ici, tout est abordé (ses débuts d’enfant de chœur, sa montée en puissance mais aussi son engagement politique, la violence qu’elle subit, ses soucis d’alcool…) mais rien n’est traité. Respect reste en permanence à la surface des choses, n’apprend rien qu’on ne sache vraiment et s’achève de manière si brutale qu’on se demande toujours pourquoi cette conclusion n’est pas arrivée 45 minutes plus tôt ou trois heures plus tard. Et comme Jennifer Hudson n’arrive pas à apporter à Aretha Franklin le supplément d’âme qu’Andra Day avait su insuffler à Billie Holiday, on s’ennuie ferme devant ce simili téléfilm de pâle facture.

Thierry Cheze

 

Et aussi

La Cure de Simon Rembado, Loïc Renard et Julie Roux

Pingu de Nick Herbert

Les reprises

Le Ministère de la peur de Fritz Lang