Affiches Films à l'affiche semaine du 3 juillet 2024
Metropolitan/ Memento/ Art House Films

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
HORIZON : UNE SAGA AMERICAINE- CHAPITRE 1 ★★★☆☆

De Kevin Costner

L’essentiel

Une grande fresque pensée comme un monument de cinéma, mais qui fonctionne en courant alternatif : parfois flamboyant, souvent pesant, quand même bien long.

Kevin Costner s’est permis de quitter Yellowstone, série western contemporaine battant tous les records d'audience, au sommet de son succès. Pour faire quoi ? Du cinéma, pardi. Et pas n'importe comment : en produisant lui-même sa grande fresque western ultime, Horizon. Quatre films de trois heures qui tournent autour d'une ville utopique, moment de la Guerre de Sécession. avec Indiens, soldats, colons, chasseurs de primes, hors-la-loi, entrepreneurs... Ce « chapitre 1 » est traversé tout autant de grands moments (l'attaque nocturne du village, la discussion entre Costner et un outlaw le long d'une pente, la fusillade qui s'ensuit) que de passages gonflants, voire d'ellipses incompréhensibles vue la durée de l'oeuvre. On sent que le grand sujet, la fondation mythologique de l'Amérique, frémit sous la surface. Mais est-ce que Costner ne l'a pas fait surgir dès 1997 avec Postman ?

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LES FANTÔMES ★★★★☆

De Jonathan Millet

Réalisateur de documentaires désireux de raconter l’histoire d’une cellule secrète qui traque des criminels de guerre syriens cachés en Europe, Jonathan Millet embrasse le cinéma d’espionnage et laisse libre cours à une exploration romanesque de cette quête de justice. En suivant Hamid, jeune Syrien torturé dans les prisons de Bachar al- Assad et qui se retrouve à Strasbourg sur les traces de son ancien bourreau dont il n’a jamais vu le visage, ce captivant thriller transforme une mission d’infiltration en un fascinant empire de sensations intimes et de souvenirs traumatisants. Au coeur de décors en apparence tranquilles (une fac française, un marché de Noël alsacien…), un tourbillon spirituel et sensoriel agite ainsi le héros, ancien professeur de littérature hanté par la guerre qu’Adam Bessa campe avec une émouvante retenue.

Damien Leblanc

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POMPO THE CINEPHILE ★★★★☆

De Takayuki Hirao

Nous sommes à Nyallywood, version japanime d'Hollywood, où la productrice Pompo est une superstar parce qu'elle sait comme personne tourner des blockbusters. Sauf qu'à Nyallywood, les blockbusters sont des séries B des filles en bikini, des flingues et des monstres à tentacule... Dans cet univers charmant, Gene, l'assistant dépressif et surmené de Pompo, va réaliser son rêve : tourner son premier film, un drame entre La Mélodie du bonheur et Maestro, avec une actrice inconnue et un vétéran du cinoche. Et Pompo the Cinephile s'engage alors dans une ode affolante à la création et la bidouille en mode shonen, en s'interrogeant au passage sur la notion même de film -ou même d'oeuvre d'art en général, tiens. Pour un résultat un peu naïf certes mais diablement réjouissant

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIME

PENDANT CE TEMPS SUR TERRE ★★★☆☆

De Jérémy Clapin

Peinant à retrouver ses repères après la disparition de son frère lors d’une mission spatiale, Elsa découvre un jour qu’une étrange voix extraterrestre communique avec elle depuis l’intérieur de sa tête, lui assurant que son frère est vivant … quelque part dans l’univers et lui proposant un ultimatum pour le ramener. Avec un cadre fleurtant avec un style de comics, un rythme onirique et des scènes graphiques, Jérémy Clapin côtoie la science-fiction sans jamais l’investir, préférant faire de Pendant ce temps sur Terre un drame social saisissant. Abordant la prise de vue réelle avec ce deuxième long, le réalisateur de J’ai perdu mon corps disperse des scènes spatiales en dessins animés, fantasmes éveillés d’Elsa. Et son film nous emporte par sa richesse visuelle et l’interprétation convaincante de Megan Northam.

Bastien Assié

EL PROFESOR ★★★☆☆

De Maria Alché et Benjamin Naishtat

En racontant l’histoire qui pourrait sembler classique d’un universitaire en pleine crise existentielle, cette comédie sociale fait puissamment écho à la crise que traverse la société argentine depuis l’élection de Javier Milei. Les déboires d’un professeur de philosophie de Buenos Aires se sentant désorienté suite au décès de son mentor fait en effet la part belle aux doutes qui assaillent un monde intellectuel qui croyait jusqu’ici être assis sur des bases relativement stables. Généreux en décalages comiques mais surtout capable de provoquer des sensations de vertige face à l’avenir incertain de l’Université argentine, ce film réalisé à quatre mains se demande si les structures publiques et le savoir sont encore capables de résorber les inégalités du pays. Et c’est grâce à sa conclusion qui en appelle à la révolte que ce pamphlet écrit et tourné avant l’élection de Milei trouve une portée toute contemporaine.

Damien Leblanc

BLUE LOCK LE FILM- EPISODE NAGY

De Taku Kishimoto

Un film ou un épisode ? Un film et un épisode ? Plutôt "épisode pilote", en fait. Rien à voir donc avec Haikyū!! : La Guerre des poubelles (en salles depuis le 12 juin), précédent film sorti par la plateforme d’animation japonaise Crunchyroll qui était un film en soi (consacré à un match de volley entre équipes lycéennes) avec un début et une fin. Adapté d’un shonen de foot, Blue Lock le film – Episode Nagi commence de façon classique mais se termine par un montage sequence annonçant la suite de la série, et se termine sur un cliffhanger finalement assez absurde… C’est dommage parce que les effets shonen (en gros : actions de foot particulièrement over the top à base de ralentis et d’arrêts sur image) sont très excitants à regarder. Donc, ça ne marche pas vraiment en tant que film, à peine en tant qu’épisode, mais en termes de leçon de cinéma, ça mérite de prendre des notes.

Sylvestre Picard

MATRIA ★★★☆☆

De Alvaro Gago

Tout juste licenciée de son poste d’agent d’entretien, Ramona lutte pour assurer l’avenir financier de sa fille de dix-huit ans. Cette mère de famille espagnole, précaire, en colère et toujours pressée, se lance alors dans la recherche d’emploi jusqu’à l’épuisement. Álvaro Gago signe un premier film profondément engagé et reprend le personnage de son court métrage de 2017 du même nom consacré à la routine de Ramona dans une usine. Ici, c’est María Vázquez (Mataharis et Eye for an eye) qui interprète le rôle avec aplomb. Dans sa course effrénée entre les petits boulots à travers une ville côtière galicienne, elle nous rend témoins de la cruauté verbale des recruteurs et de la toxicité de son cadre conjugal, accentués par le style réaliste de la photographie. Malgré la gravité de son propos, Matria capte gracieusement la force de volonté d’une femme dans sa quête d’émancipation.

Bastien Assié

THE HUMAN SURGE 3 ★★★☆☆

De Eduardo Williams

Figure de proue d’un cinéma d’avant-garde argentin, Eduardo Williams explore avec sa série Human Surge la nature des relations entre les humains des quatre coins du globe. Suite sans lien d’un premier opus (il n’existe pas d’opus numéro 2), The Human Surge 3 se déroule, lui, au Sri Lanka, au Pérou et à Taïwan, et prolonge la mise en scène et rapport d’hommes et de femmes qui ne se seraient jamais croisés sans l’existence du cinéma. Une fois habitués à l’originalité de l’image, créée à partir de matériel destiné pour la réalité virtuelle à 360°, le documentaire émeut par sa pure fluidité, un raccord nous projetant d’un continent à l’autre sans que l’on s’en aperçoive ou qu’on nous l’indique. Dans ses envolées les plus expérimentales, en fin de film notamment, le film se lit alors comme un poème dont les rimes raconteraient l’expérience à la fois anodine et magnifique de vivre ici ou là sur Terre, tous ensemble.

Nicolas Moreno

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PREMIÈRE N’A PAS AIME

ELYAS ★☆☆☆☆

De Florent- Emilio Siri

Bonne idée de filer un flingue à Roschdy Zem : en pleine forme, il se castagne avec beaucoup d'entrain dans cet Elyas. Début d'une reconversion à la Liam Neeson pour l'acteur (on le retrouvera en militaire en Afghanistan dans le prochain Martin Bourboulon, 13 jours, 13 nuits) ? On le lui souhaite, mais il n'y a pas grand-chose à sauver (à part lui en ex-para en PTSD chargé de protéger une femme et sa fille d'un réseau islamo- mafieux) dans cet Elyas limite nanar qui ressemble plus à du Neeson en fin de deuxième carrière.

Sylvestre Picard

POURQUOI TU SOURIS ? ★☆☆☆☆

De Chad Chenouga et Christine Paillard

Deux des comiques les plus en vogue s’amusent à jouer les SDF, et mènent en bourrique une pauvre femme qui aide les plus démunis. Raphaël Quenard fait encore et toujours du Quenard et Jean- Pasclz Zadi joue avec des accents étrangers… Si l’on avait abandonné l’idée de (sou)rire devant cette comédie de mauvais goût, on découvrira avec agacement un final réconciliateur façon « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil ». Le film dépolitise la pauvreté et cela semble faire sourire tout le monde. Pourquoi !?

Nicolas Moreno

 

Et aussi

Zak & Wowo, La Légende de Lendarys, de Philippe Duchêne et Jean- Baptiste Cuvelier

 

Reprises

Ducobu Président !, de Elie Semoun

Ducobu 3, de Emilie Semoun

L’Elève Ducobu, de Philippe de Chauveron

Existenz, de David Cronenberg

Paris, Texas, de Wim Wenders

Plus qu’hier, moins que demain, de Laurent Achard

Les 7 samouraïs, de Akira Kurosawa

Typhoon club, de Shini Sômai

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