Dix huit ans après 99 francs, ils signent un remake sensoriel de la série B de Jack Arnold. Un grand film sur la mort, à la fois prouesse technique et méditation intime.
On pourrait s’arrêter au défi techno raconté dans le nouveau numéro de Première (mercredi en kiosque) : les plans de motion control, les décors géants retravaillés, ces matières réinventées pour qu’une goutte d’eau ou une allumette retrouvent une échelle crédible. L’homme qui rétrécit version Jan Kounen / Jean Dujardin aurait pu n’être qu’un numéro de haute voltige visuelle. Mais derrière la révolution se cache un grand film poétique et spirituel : une tentative étrange et bouleversante de raconter comment un homme se retranche du monde pour mieux accepter sa disparition.
Kounen prend le parti radical de ne jamais quitter le point de vue du héros. Et il tire le récit vers son cinéma illuminé, ultra-sensoriel : plans longs et ouatés, silences habités, gestes amplifiés. Ce qui était une épopée chez Arnold devient une traversée plus intime : un escalier, une allumette ou une simple fuite d’eau suffisent à mesurer la faiblesse et la fragilité de l’homme.
Face à ce dispositif, Dujardin livre une de ses plus grandes performances récentes. Presque muet, beau comme jamais et seul en scène, il joue avec son souffle, sa fatigue, ses tremblements. Il transforme la survie en prouesse physique et en mélo existentiel : mari, père, homme ordinaire, il apprend à se détacher. Il y a du Buster Keaton dans ce personnage qui court vers sa perte et sa renaissance.
Tout en restant fidèle à l’esprit du classique, ce remake passe de la fable postapo à la méditation pour la fin des temps. C’est le sens du plus beau plan du film, l’apparition fragile d’un papillon qui remplace la voix cosmique d’Arnold. Tout s’y condense : la beauté mélancolique, l’acceptation, et la réflexion lumineuse sur la mort. Derrière l’exploit technique se révèle alors un grand film qui rappelle qu’accepter la fin, c’est encore une façon de vivre.
De Jan Kounen. Avec Jean Dujardin, Marie-Josée Croze. Durée : 1h50. Sortie le 22 octobre 2025







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