L'actrice starisée à partir des années soixante, vue notamment chez Fleischer, Donen ou Ivory, aura eu du mal à se défaire de son statut de sex-symbol. Portrait.
Avec la mort de Raquel Welch, 82 ans, c’est le monde d’avant que l’on enterre un peu plus. Un monde où l’actrice américaine, érigée en sex-symbol, était surtout valorisée pour sa superbe et généreuse plastique. Sa formation aura été les concours de beauté dès la fin des fifties. Quant à l’intitulé de ses diplômes, ils disent déjà tout de sa carrière à venir : Miss Photogenic, Miss Contour ou encore Wearing mankind’s first bikini (traduction facultative)… Raquel Welch en avait sûrement marre de n’être ramenée (rabaissée ?) qu’à son physique, le disait un peu, mais aura préféré tracer sa route en faisant le dos rond.
Il y a un mois pile, le décès de Gina Lollobrigida rappelait la façon dont « la bomba italienne » avait courageusement choisi de se retirer des écrans en pleine gloire pour se (re-)construire loin des caméras qui ne cadraient que sa poitrine.
Tortues géantes et Dean Martin
Si la filmo de Raquel Welch est longue comme le bras des producteurs, il faut se creuser un peu pour sortir quelques occurrences du chapeau. On citera tout de même Le Voyage fantastique de Richard Fleischer (1966) où, comble de l’ironie, elle y est miniaturisée ; Fantasmes de Stanley Donen (1967) dans lequel elle répond au doux nom de Luxure, sans oublier Un million d’années avant J.C. de Don Chaffey (1966), film d’aventures poético-kitch avec des tortues géantes et des dinosaures. C’est avec ce film superlatif que Raquel Welch alias Loana (bien avant la star du Loft!), en tenue de sauvageonne harcelée de toutes parts par des animaux préhistoriques, accède au statut de star.
Icône de quelques westerns, on se souvient peut-être de Bandolero ! d’Andrew V. McLaglen (1968), accrochée aux bras de James Stewart, et plus sûrement de Dean Martin ; Les Cent fusils de Tom Gries (1969) ou encore Un colt pour trois salopards de Burt Kennedy (1971), cinéaste et acteur, connu pour avoir été le génial scénariste des chef-d’œuvres de Budd Boetticher avec Randolph Scott.
Dans les bras de D'Artagnan
Welch a été également une Constance Bonacieux soucieuse d’être en sécurité dans les bras de Michael York aka D’Artagnan dans le diptyque autour des Trois Mousquetaires de Richard Lester (1973 et 1974) pour lequel elle obtient un Golden Globe. Elle est beaucoup plus intrépide dans L’Animal de Claude Zidi (1977) avec Jean-Paul Belmondo.
Enfin le succès français de Babylon de Damien Chazelle a peut-être dirigé quelques curieux vers Wild Party de James Ivory (1975), portrait au vitriol d’un Hollywood décadent inspiré de l’affaire Fatty Arbuckle. Welch, lookée façon années 20, se trémoussant sur les tables pour attirer les regards, nous parait aujourd’hui bien sage comparée à la rock’n’roll Margot Robbie.
Raquel Welch mariée quatre fois, également remarquée à la télé, est morte « paisiblement » annonce le communiqué de son manager.
Commentaires