Exit Emily Blunt, c’est désormais Lupita Nyong’o qui affronte les monstres à l’ouïe super fine dans un prequel pas désagréable, mais franchement pas indispensable.
Le pitch de la saga Sans un bruit étant du genre minimaliste, les plaisirs que ces films procurent sont eux-mêmes, à la longue, assez limités : combien de fois encore pourra-t-on regarder des personnages avancer à pas de loups, faire un bruit malencontreux (marcher sur une branche morte, se cogner contre une table, éternuer…), avant qu’une bestiole à l’ouïe surdéveloppée ne surgisse pour les bouffer tout cru ? Les deux premiers films, réalisés par John Krasinski, semblaient avoir épuisé le concept. Ce nouvel épisode, un prequel se concentrant sur de nouveaux personnages (même si on y retrouve à l’arrière-plan Djimon Hounsou, croisé dans le deuxième volet) promettait d’étendre la mythologie de la série en remontant au "jour 1" de la catastrophe et en expliquant, comme dit la tagline sur l’affiche, "comment le monde est devenu silencieux".
Mais en fait, non : Sans un bruit : jour 1 se contente de rejouer les figures imposées de la saga (progression à pas de loups, bruit malencontreux, oops, grosse bestiole qui surgit), sans plus de mise en perspective que ça. La nouveauté, c’est que ça se passe à New York (une ville très bruyante), et que c’est Lupita Nyong’o qui mène les débats. La mise en place est réussie, elle témoigne du petit talent de Michael Sarnoski (réalisateur de l’attachant Pig, avec Nicolas Cage en chasseur de truffes) pour faire exister ses personnages en quelques scènes bien emballées : Nyong’o joue une femme mourant d’un cancer dans un centre de soins palliatifs, qui se chamaille gentiment avec un infirmier sympa (Alex Wolff), et va se retrouver au cœur de la panique généralisée à la faveur d’une sortie théâtre et pizza à Manhattan.
Le ton à la fois feel-bad et très empathique de cette intro, couplée à l’arrivée des aliens dans New York, fait planer une légère humeur spielbergienne sur le film – le Spielberg de La Guerre des mondes, donc de l’après 11 Septembre, quand la fumée et les cendres sur les visages des protagonistes faisaient se percuter l’imagerie du film catastrophe et l’horreur bien réelle des chaînes info. Mais Sarnoski n’est pas là pour théoriser : passé son premier quart d’heure, le film s’emploie à alterner mécaniquement les moments de tension utilisant parfois intelligemment les potentialités topographiques de la ville (quelques plans cool des monstres escaladant les gratte-ciel) et le drame humain (Lupita Nyong’o, intense, forme un joli duo avec Joseph "Stranger Things" Quinn, et ses faux airs de Robert Downey Jr.), voire animal (la vraie star du film est un chat), dans des scènes au sentimentalisme appuyé. Le tout est excessivement prévisible.
On peut y prendre du plaisir à condition de ne pas se demander pourquoi c’est cette histoire très sommaire qui a eu les honneurs du "jour 1". On serait au jour 22 ou 354 que ça n’aurait pas changé grand-chose.
Sans un bruit : jour 1, de Michael Sarnoski, avec Lupita Nyong’o, Joseph Quinn, Alex Wolff… Durée 1h40. En salles.
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