The Smashing Machine
A24

Dwayne Johnson incarne le champion de MMA Mark Kerr dans un biopic qui équilibre la violence des combats par le regard hyper affectueux porté sur son héros.

L’une des clés de Smashing Machine réside peut-être dans son utilisation d’une reprise de My Way par Elvis Presley. Le morceau illustre un montage sequence montrant l’entrainement du héros du film, Mark Kerr, pionnier du free-fight dans les 90s. My Way, chanson qui fait le bilan d’une vie, est le support musical idéal pour un biopic, racontant en l’occurrence les hauts et les bas d’un sportif, les sommets des podiums comme les tréfonds des séjours en rehab. Mais l’Elvis qui chante My Way, c’est l’Elvis de la fin : pathétique et génial à la fois, fatigué mais néanmoins superbe.

Smashing Machine joue beaucoup sur ce genre de dichotomie. Le réalisateur Benny Safdie a une approche plutôt classique du biopic, jusque dans la performance « oscarisable » de la star Dwayne Johnson, mais pirate régulièrement celui-ci par des décrochages poétiques, cherchant le sublime dans un matériau qui aurait pu n’être que trash, ou kitsch. Le cinéaste est autant un rejeton de Cassavetes et de Raging Bull que de la télé-réalité The Osbournes.

Il filme son héros comme une figure bigger than life aussi bien que comme un anonyme qu’on pourrait croiser au supermarché, un bagarreur qui livrera son plus beau combat non pas sur un ring mais lors d’une scène de ménage homérique rythmée par Jungleland – une autre clé musicale du film, par un chanteur, Bruce Springsteen, mêlant comme Kerr la puissance et l’ultra-sensibilité, et sachant transformer les récits de destins ordinaires en épopées. C’est ce que vise aussi Safdie ici, avec un peu de maladresse mais un cœur gros comme ça.

De Benny Safdie. Avec Dwayne Johnson, Emily Blunt, Lyndsey Gavin... Durée 2h04. Sortie le 29 octobre 2025