Affiches Films à l'affiche semaine du 25 décembre 2024
Paramount/ Les Films du Losange/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
SONIC 3 : LE FILM ★★★☆☆

De Jeff Fowler

L’essentiel

Le troisième Sonic donne à Jim Carrey son meilleur (double) rôle depuis Fous d'Irène.

Sonic 3, youpi ? Mais oui. La preuve par deux bonnes idées. La première, c'est de reléguer Sonic à l'arrière-plan. L'insupportable lutin numérique doté d'un irritant humour au premier degré ne sert qu'à être un simple produit d'appel dans cette intrigue mettant en scène Shadow, un double maléfique de Sonic gardé congelé depuis cinquante ans et qui va évidemment s'échapper pour semer le chaos dans une relecture kids-friendly d'Akira. La seconde bonne idée, c'est d'avoir donné la part du lion à Jim Carrey, dans un double rôle : celui du professeur Robotnik et de son propre grand-père. Carrey face à lui-même, le seul qui peut l'égaler dirait-on, faisant de Sonic 3 l'héritier de Fous d'Irène et Les Désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire. Le tout dans une ambiance Austin Powers mutante -on pense aussi très fort devant Sonic 3 à comment Mike Myers se clonait tout au long de la trilogie- voire à la Famille foldingue.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

MON INSEPARABLE ★★★★☆

De Anne- Sophie Bailly

Mona vit seule avec Joël, son fils trentenaire en retard intellectuel, pour lequel elle a mis sa vie personnelle en parenthèse. Mais voilà Joël est tombé amoureux d’Océane, elle aussi en situation de handicap. Une passion cachée mais bien réelle puisque Océane tombe enceinte, avec tous les bouleversements que ça implique dans leurs vies et celles de leurs proches. Sur ce point de départ, Anne Sophie Bailly déjoue les attentes et propose un récit où la présence de personnages handicapés n’implique pas de faire un film sur le handicap. Ce qui est raconté ici est l’histoire d’un double récit d’émancipation. Celle d’un fils baby-sitté depuis toujours et prêt à devenir père envers et contre tous. Et celui, au fond bien plus difficile à vivre pour elle, d’une mère, inquiète de la capacité de son fils à s’assumer mais plus encore effrayée devant le saut dans le vide que cette situation représente pour elle, alors qu’un homme est entré dans sa vie. La sobriété qui en découle empêche tout pathos tout en dopant sa puissance émotionnelle. Un grand premier film où Laure Calamy impressionne une fois encore face au non moins épatant Charles Peccia- Galletto, prénommé au César de la révélation.

Thierry Cheze

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MY SUNSHINE ★★★★☆

De Hiroshi Okuyama

Cinéaste précoce remarqué en 2019 avec son premier long métrage Jésus, Hiroshi Okuyama réussit du haut de ses 28 ans un deuxième film encore plus abouti qui transforme ses souvenirs d’enfance en un vibrant mélo enneigé. Situé sur l’île japonaise d’Hokkaidō, My Sunshine suit un jeune garçon qui délaisse le hockey sur glace et se passionne pour le patinage artistique après avoir été émerveillé par les mouvements d’une jeune patineuse. Un coach dévoué choisit alors d’entraîner les deux enfants ensemble malgré les préjugés de genre, manière pour ce tendre conte hivernal d’éviter les clichés des récits sportifs basés sur la souffrance physique. Tout s’appuie au contraire ici sur la quête de l’harmonie, les trois personnages bravant leur timidité au sein d’une lumière cotonneuse. Okuyama, qui signe aussi la photo et le montage, capte ainsi superbement la fugacité d’une parenthèse dont chacun sortira métamorphosé.

Damien Leblanc

 

PREMIÈRE A AIME

JOLI JOLI ★★★☆☆

De Diastème

Imaginée par des amoureux du genre pour des amoureux du genre (Alex Beaupain comme co- scénariste et créateur des chansons…), Joli Joli est une comédie musicale qui assume à 1000% son kitsch, une lettre d’amour à tout un pan du cinéma des années 70 dans lesquelles se déroule son intrigue : le coup de foudre entre un écrivain fauché et une star montante du cinéma, que les aléas de la vie vont prendre un malin plaisir à éloigner avant que ces mêmes jeux du hasard et des coïncidences finissent par se retourner en leur faveur. Direction artistique soignée, chansons qui rentrent instantanément dans la tête, Joli joli séduit par sa capacité à passer du rire aux larmes, du burlesque à la douleur inhérente aux amours contrariées et son casting (William Lebghil, Laura Felpin, Vincent Dedienne, José Garcia…) dont la joie à se prêter à cet exercice de style crève l’écran. Et au milieu de cet aéropage, il y a Clara Luciani qui fait des débuts de comédienne à son image ni démonstratifs, ni tapageurs. Juste comme une évidence. Et la promesse de beaux lendemains.

Thierry Cheze

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PLANETE B ★★★☆☆

De Aude Léa Rapin

Une nuit de 2039, à Grenoble, après une rencontre musclée avec les forces de l'ordre, Julia (Adèle Exarchopolous, parfaite) disparaît avec ses camarades activistes avant de se réveiller dans un lieu mystérieux et comprend vite que la réalité dans laquelle elle vient d'ouvrir les yeux est virtuelle, dont elle restera prisonnière, sauf si elle dénonce ses complices. En parallèle, Nour (Souheila Yacoub, à la présence folle), une migrante sous la menace d’une expulsion met la main sur une nouvelle technologie de l'armée qui va lier son destin à celui de Julia et ses tentatives de s'échapper de cette Planète B dont elle est prisonnière. Aude-Léa Rapin, nourrie à la littérature de SF, au cinéma d'anticipation et aux jeux vidéo, offre ici une vision singulière -et très sombre- du monde. Dérives carcérales, traitement inhumain des immigrés, violences policières, peur du réchauffement climatique... On pourrait craindre la surdose, mais la réalisatrice parvient toujours à garder le fil de son histoire. En s'inspirant des décors en récup' des Fils de l'homme de Cuaron, de la lumière des frères Safdie et avec Bonello en charge de la BO inquiétante, la réalisatrice signe comme eux des films modernes, ancrés dans leur époque.

Elodie Bardinet

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LE DELUGE ★★★☆☆

De Gianluca Jodice

Le Déluge ne fera pas l’unanimité en France. Et pas seulement parce que – crime de lèse- majesté ? – un Italien s’empare d’un pan important de notre Histoire, la captivité de Louis XVI avant qu’il soit conduit à l’échafaud. La raison se trouve plutôt dans le geste artistique audacieux, donc propre aux ricanements, déployé par Gianluca Judice, pas co-produit par Sorrentino pour rien ! Dans cet espace de purgatoire entre le paradis de Versailles et l’enfer de la Place de la Révolution, Judice pousse à fond la théâtralité pour capter la vérité nue des sentiments. A l’image de son Louis XVI (performance assez dingue de Guillaume Canet, sous son maquillage pourtant pas des plus heureux) qu’on voit dépouillé peu à peu des oripeaux du pouvoir pour laisser percer son regard de grand enfant dépassé et sa bonhommie qui contraste avec la mort qui s’approche. Le ridicule affleure souvent. Mais la croyance de Judice en ce qu’il fait l’empêche d’y succomber.

Thierry Cheze

ERNEST COLE, PHOTOGRAPHE ★★★☆☆

De Raoul Peck

En retraçant la vie et l’oeuvre d’Ernest Cole, photographe sud-africain qui dévoila à la face du monde les atrocités de l’apartheid avec son livre-choc House of Bondage paru en 1967, Raoul Peck (César du meilleur documentaire en 2018 avec I Am Not Your Negro) décortique l’histoire du racisme et des lâchetés occidentales mais s’intéresse aussi à la façon dont un artiste de talent comme Cole a fini sa vie dans la misère et l’oubli avant de mourir tragiquement à New York en 1990. Pour donner corps à la pensée du photographe, Peck a créé une voix-off basée sur de vrais écrits de Cole et prête lui-même dans la version française sa voix à ce héros exilé et révolté. Cet habile procédé renforce la puissance de ce documentaire engagé qui se double en plus d’un surprenant thriller expliquant comment 60 000 négatifs et photos de Cole ont soudain été découverts en 2017 dans le coffre d’une banque suédoise…

Damien Leblanc

DOMAS, LE RÊVEUR ★★★☆☆

De Arunas Zebriunas

Disparu en 2013, le lituanien Arūnas Žebriūn a consacré une grande partie de son œuvre à l’enfance avec comme étendard La Belle qu’ED Distribution avait déjà eu la riche idée de sortir en France en 2018. Rebelote donc avec ce nouvel inédit, tourné en 1973. On y suit les aventures d’un petit garçon cherchant à retrouver dans ses rêves le général qui lui est apparu lors de l’un d’eux, aidé par ses camarades qui font tout pour qu’il s’endorme le plus souvent possible. Impossible de ne pas succomber au charme fou de ce film qui fait rimer ludique et onirique, notamment dans les scènes de rêverie ourlées d’un singulier rouge né d’une pellicule spéciale utilisée pour l’occasion. Un beau film pour enfants où on peut aussi lire en creux une critique de la vanité des détenteurs de l’autorité. Soit une manière d’évoquer, en échappant à la censure, le pouvoir écrasant du Kremlin sur la Lituanie qui était alors une de ses Républiques.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

NOSFERATU ★★☆☆☆

De Robert Eggers

Après The Northman, Nosferatu permet d’y voir un peu mieux dans la vision de cinéma de Robert Eggers -dont le sommet reste pour le moment The Lighthouse, morceau radioactif surgi des profondeurs émettant des visions contagieuses au-delà de son cadre de cinéphile maniaque. C’est justement ce qui intéresse Eggers ici : de faire de Nosferatu le vampire un monolithe noir, une figure obsédante, magnétique, qui attire et qui repousse. L’ambition est énorme, l’appétit ogresque : il s’agit de faire un film d’horreur terrassant, directement inspiré du Nosferatu de Murnau. Et donc : comme The Northman était plus proche de Conan le destructeur que de Andreï Roublev, c’est dans l’ordre de la vision de cinéma d’Eggers que son remake de Nosferatu, malgré et à cause de tout le sérieux affiché, soit plus proche de Dracula, mort et heureux de l’être que de Murnau ou Herzog. Sauf qu’Eggers, trop pris par la sculpture de son monolithe, ne réalise pas qu’il est également dans un détournement.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE N’A PAS AIME

MOTEL DESTINO ★☆☆☆☆

De Karim Aïnouz

L’action se passe dans un motel du Nordeste, sorte d’Ibis cradingue. Un jeune fuyard va y trouver refuge s’attirant la sympathie puis bientôt les foudres du patron et les faveurs de la patronne. On pénètre dans ce "néon Noir" avec envie. Il y a la moiteur du cadre, ces corps huileux prêts à exulter et une mise en scène excitée par toutes les vibrations interlopes environnantes. Le triangle plus ou moins amoureux qui va peu à peu se former a de la gueule : le jeune loubard fragile tout en muscles, le vieux beau déglingué et une femme plutôt sauvage qui n’a pas froid aux yeux. Problème, le brésilien Karim Aïnouz (Le Jeu de la Reine) ne sait pas trop quoi faire de ce beau monde. Si ce Motel Destino inscrit son récit dans une atmosphère néo-noir caliente telle qu’Hollywood avait su nous en gratifier dans les 80’s et les 90’s, tout sent l’esthétisme rutilant limite publicitaire. L’arrière-fond criminel, lui, n’est pas assez traité pour insuffler une quelconque tension extérieure et les personnages restent trop à l’état de marionnettes pour faire monter la fièvre.

Thomas Baurez

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Et aussi

Banzo, de Margarida Cordoso

Les Cadeaux, de Raphaële Moussafir et Christophe Offenstein

La Reprise

Le Dernier des Mohicans, de Michael Mann

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