A l'été 2021, Valérie Lemercier a emballé la Croisette avec son "vrai/faux" biopic. A (re)voir ce week-end sur TF1.
Aline aurait dû sortir en fin d'année 2020 au cinéma, mais le film a été reporté au 10 novembre 2021, suite au reconfinement de l'hiver. Entre les deux, en juillet, Valérie Lemercier a présenté son drôle de projet sur la Croisette, hors-compétition. L'occasion de partager notre interview de l'actrice-réalisatrice publiée dans le numéro 512 (avec David Fincher en couverture), accompagnée de quelques photos de la montée des marches de l'actrice-réalisatrice et ses comédiens québécois : Roc Lafortune, Danielle Fichaud, Valerie Lemercier, Sylvain Marcel et Pascale Desrochers, tous excellents dans le film. Ils ont d'ailleurs eu droit à une longue "standing ovation" à la fin de la projection.
Nous repartageons tout cela pour patienter jusqu'à la première diffusion en clair d'Aline, dimanche sur TF1. Le film sera suivi d'un documentaire sur la carrière de la chanteuse.
Avec Aline, Valérie Lemercier tente quelque chose d’inédit : le biopic de fan [critique]Dans Aline, Valérie Lemercier fait l’enfant, pleure, rit, aime, chante (pour de faux), danse (pour de vrai). Son rôle et son film les plus aboutis pour que vous l’aimiez encore.
Céline Dion paraît loin de votre univers dramatique et même musical.
Pas tellement. Comme elle, je viens d’une famille nombreuse, j’ai été complexée par mon physique, j’ai eu des dents atroces… Je l’écoute beaucoup depuis 1995. Lors des obsèques de son mari, en 2016, j’ai été touchée par sa solitude, je ne sais pas pourquoi… Bref, un an plus tard, j’ai lâché à la radio, comme une boutade, que mon prochain projet serait un biopic de Céline Dion. Le soir même, ma chef décoratrice, Emmanuelle Duplay, m’appelait pour me dire que c’était une chouette idée.
Aline procède de la réappropriation par vous d’une personnalité archi connue et caricaturée à qui vous redonnez une certaine noblesse. Était-ce votre but en retrouvant pour l’écriture Brigitte Buc, votre coauteure de Palais Royal ! ?
Brigitte a eu un rôle déterminant en me conseillant de changer les noms. À partir de ce moment- là, on a pu prendre des libertés, inventer des tas de trucs… Appeler le film Aline me libérait par ailleurs du poids de la ressemblance physique à tout prix. Il n’y a qu’une Céline Dion, pas deux. Quand je regarde Cloclo, par exemple, je ne vois pas Claude François mais Jérémie Renier.
La distanciation que vous évoquez est paradoxale car le film est très documenté, réaliste d’une certaine façon.
J’ai tout lu, tout vu sur elle pendant des mois pour nourrir l’histoire. Aline est un film au « parfum de Céline Dion » comme j’ai coutume de le dire. J’ai prévenu d’entrée mes collaborateurs que je voulais qu’on aime le personnage. Tout ce qui ne ressemblait pas à Céline Dion ou qu’elle n’aurait pas fait, je ne le conservais pas. C’est une vision à la fois fidèle et fantasmée.
Oui, car Aline vous ressemble aussi. Il y a ce moment où vous apparaissez enfant à la télé qui évoque un fameux sketch pour Les Nuls ou une scène de piqûre qui semble renvoyer aux Visiteurs…
Je joue des enfants dans tous mes spectacles, ce n’est pas particulier au sketch des Nuls. Je n’y ai donc pas pensé, pas plus qu’aux Visiteurs. Nous avons une chose qui nous rassemble particulièrement : la scène, et les sensations physiques qu’elle procure. Je sais à quel moment on transpire quand on en sort. S’il avait fallu
attribuer le rôle à quelqu’un d’autre, j’aurais été embêtée. Mais comme je ne joue pas tant que ça, je me le suis réservé ! (Rires.)
À l’arrivée, le film est étonnamment bienveillant et montre une star obsédée par sa vie de couple pépère avec son mari, Guy-Claude, évocation du fameux René Angélil…
Je trouve ce couple touchant et ce qu’ils ont bâti ensemble, aussi. À 12 ans, Céline disait sur les plateaux télé qu’elle voulait être une star internationale. René, qui était assez visionnaire, a hypothéqué sa propre maison pour produire son premier disque. Il a par la suite fait fabriquer un théâtre à Las Vegas pour elle, c’est fou, non ?
Vous placez René Angélil sur un piédestal. L’avez-vous idéalisé et, si oui, pourquoi ?
J’ai la conviction que c’était un homme très bon. J’ai lu l’énorme livre qui lui a été consacré et parlé avec des gens qui l’ont connu et qui ne disaient pas autre chose. Je rêve de lui. C’est quelqu’un que j’aurais aimé rencontrer et avoir à mes côtés. Ma vie aurait peut-être été plus douce.
Aline est moins un biopic qu’une fable sur le couple vu à travers le prisme du star system. Quelles étaient vos inspirations ?
J’ai revu quelques biopics, Amadeus, Cloclo, mais ma principale inspiration a été Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. Je trouve formidable la gestion par Jeunet des ellipses et du temps qui passe.
Aline est le film français le plus cher de l’année. L’absence de grands noms à vos côtés apparaît du coup comme un pari risqué, mais prouve aussi votre foi dans l’histoire que vous racontez.
J’ai toujours cru dans les histoires. Tout le monde sait qu’à part Catherine Frot et Fabrice Luchini, personne ne remplit les salles en France sur son seul nom. Mais derrière Aline, la star, c’est quand même Céline Dion, dix mille fois plus connue que moi ! (Rires.)
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