Mike
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Malgré ses défauts et la controverse qui entoure la série, ce biopic consacré à Mike Tyson réussit à nous mettre dans les cordes.

Iron Mike n'a jamais laissé indifférent. Sur le ring et en dehors, sa personnalité a toujours polarisé. Il est parfaitement logique qu'il en soit de même avec le premier biopic sur sa vie, qui vient de sortir sur Disney + ! C'est l'équipe de Moi, Tonya - l'incroyable film consacré à la patineuse Tonya Harding, jouée par Margot Robbie - qui se lance dans cette nouvelle histoire vraie sportive. Le scénariste Steven Rogers est à la création. Le réalisateur Craig Gillespie est à la mise en scène. Et leur approche de Mike est pour le moins déroutante.

Prenant en filigrane le One Man Show confession que le champion a joué sur scène dans les années 2010, la série cherche à expliquer les origines de Tyson, son parcours mais surtout sa rage. On découvre ainsi sa jeunesse très défavorisée, au fin fond du Brooklyn des années 1970. Michael Gerard Tyson est un gamin martyrisé, violenté, mal aimé dans un foyer brutal, qui va comprendre à l'âge de 12 ans que ses poings peuvent lui permettre de gagner le respect des autres. Plus encore, après quelques passages en maisons de redressement, il va apprendre qu'il a tout pour devenir un grand boxeur. Sa rencontre avec l'entraîner Cus D'Amato va changer sa vie...



Antithèse du biopic hollywoodien consensuel à la Ali (avec Will Smith), Mike a envie de mordre. L'oreille d'Evander Holyfield ? C'est fait dès la première seconde du premier épisode. "No ! Fuck that shit !" sont les premiers mots de Mike, comme un avertissement de ce qui va suivre : la série n'est pas une reconstitution des plus grands combats de Tyson, une ode à sa gloire ou une satire de sa déchéance. C'est une tragi-comédie sociale, qui nourrit la légende, tout en essayant de l'expliquer.

Dans le fond, tout cela n'est pas très subtile et semble participer à un mythe déjà usé jusqu'à la corde. Son initiation, ses succès et ses chutes à répétition...  La légende du boxeur dont la brutalité s'explique par un entourage qui n'a eu de cesse de manipuler sa fragilité psychologique. On ne sait pas vraiment qui est Mike Tyson, ce champion du monde iconique condamné pour viol, au bout de cet intense combat en 8 rounds. Les révélations sont maigrichonnes et la série a finalement assez peu de chose à raconter. Mais elle le dit avec style ! La réalisation éblouissante de Gillespie s'appuie sur une frénésie enthousiasmante, de scènes coups de poings en regards puissants face caméra. Une mise en scène pop qui contraste avec la noirceur du tableau et qui s'appuie sur la performance impressionnante de Trevante Rhodes. L'acteur de Moonlight devient Tyson, épouse son zézaiement et incarne un Mike charismatique, animal, insaisissable, même sans véritable ressemblance physique.

À n'en pas douter, Mike continuera à diviser avec cette série biopic non-autorisée par le champion. Surtout que Tyson a publié un message cinglant, pour dénoncer cette vision de l'histoire de sa vie : "Ils m'ont volé mon histoire, sans me payer. Pour les patrons d'Hulu, je ne suis qu'un n... qu'on peut vendre aux enchères. Hulu est la version streaming du maître d'esclaves."