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Un gros cube transpercé de vide dans lequel se lit la perspective parisienne très napoléonienne qui passe par l’Arc de Triomphe et regarde l’Obélisque de la place de la Concorde. Ce gros cube sis dans le quartier d’affaires de La Défense est tout à la fois l’œuvre de son créateur, « l’inconnu » Johan Otto von Spreckelsen, Danois de 53 ans n’ayant construit jusqu’ici que sa « maison et quatre églises », et de son instigateur, le président-roi François Mitterrand alors à l’aube de son premier septennat. Stéphane Demoustier (Borgo…) joue de ce constant rapport de forces entre les êtres et les choses. C’est la partie comique de l’affaire. Il n’y a qu’à voir Michel Fau en Mitterrand précieux ridicule avancer telle une marionnette qui tire néanmoins les ficelles. Encore que, la future cohabitation fera entrer le pragmatisme au pays de ses rêves géométriques. Au pied du chantier titanesque, il y a donc ce von Spreckelsen (Claes Bang génial), architecte qui voit se dresser devant lui les moulins à vent d’une réalité politico-économique française peu soluble avec son exigence d’artiste. Les monuments ont forcément des choses à nous dire sur le monde et les hommes qui les ont vu naître. A l’instar de son Brutalist qui voyait Brady Corbet se mettre au diapason de son héros angoissé pour sortir de terre et matérialiser un gigantesque trauma, Stéphane Demoustier, certes plus en retenu mais tout aussi Sisyphe, braque sa caméra sur cet « inconnu » soucieux de dompter le vide. De ce vertige naît le tragique. L’obstination du créateur sculpte les parois d’une solitude.
L'Inconnu de la Grande Arche 


