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Côté technique, on touche à une perfection esthétique. Reste un scénario où l'on s'emmèle parfois les pinceaux, à moins d'avoir récemment relu L'histoire de l'art pour les nuls. Il procure néanmoins une dimension inattendue: mieux que la croûte que l'on redoutait, voici une étonnante disserte, entre Cluedo intello et version cérébrale du Da Vinci Code.
Toutes les critiques de La Ronde de nuit
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Christine Haas
Toujours très conceptuel, le cinéaste découpe La ronde de nuit en un puzzle dont les morceaux s'animent comme des pièces de vie figées par un flash. Dans un décor théâtral, le célèbre tableau devient le coeur d'un thriller palpitant.
- Fluctuat
Projet haut de gamme pour Peter Greenaway qui s'attaque à une lecture de Rembrandt et sa toile La ronde de nuit. Entre illustration époustouflante et déconstruction théorique d'abord séduisante, le réalisateur britannique finit par nous épuiser.
- Exprimez-vous sur le forum cinémaQuiconque connaît un peu l'oeuvre de Peter Greenaway ne sera pas étonné que ses obsessions picturales trouvent aujourd'hui une application littérale avec La ronde de nuit. Inspiré de la célèbre toile de Rembrandt au titre éponyme, Greenaway tente d'en percer l'énigme à partir d'un procédé allant de l'interprétation à l'illustration tout en passant par l'enquête romanesque et la démonstration. Il resitue le contexte, ses acteurs (des protagonistes de la toile à Rembrandt lui-même et son épouse ou ses maîtresses), au fil d'un dispositif plastique minutieux et d'une mise en scène à plusieurs niveaux qui veut épouser la logique interne au tableau et à l'oeuvre de Rembrandt. Ainsi, Greenaway reproduit à travers ses plans la scénographie et la composition des toiles du maître, travaille sa photo pour qu'elle colle au plus près aux matières de l'époque et aux jeux de clairs-obscurs de l'artiste, et il faut admettre que d'un point de vue esthétique et technique le film est d'une rigueur et d'une beauté indiscutables.La ronde de nuit est donc une oeuvre obsédée par la cohérence. A travers cette peinture commandée par les miliciens d'Amsterdam et que Rembrandt détourne pour les accuser d'un complot criminel (au risque de tout perdre), Greenaway s'enfonce dans un jeu de pistes formelles et narratives suivant chaque signe et détail de la toile pour en déballer le sens caché ou ses hypothèses. Son dispositif, alternant picturalité et théâtralité, cherchant à reproduire avec exactitude une lecture théorique du tableau (à ses différents degrés) et sa possible vérité traitée en puzzle. Mais si la proposition est belle et prometteuse, l'exercice maniériste s'avère à force un peu usant. La beauté de l'image d'abord étourdissante lasse tandis que l'habile articulation entre la mise en scène du film et la question du simulacre propre à la toile s'égare dans une discursivité laborieuse. Si l'exercice est certes pédagogique, l'impatience gagne lorsque Greenaway répète à outrance les réels enjeux du tableau et de la vie de l'artiste : sexe, argent, corruption, vices, décadence, obsession de la cécité. Interminable, le film qui tient finalement à quelques scènes clés, s'enfonce alors dans la nuit sans un sortir. La ronde de nuit
De Peter Greenaway
Avec Martin Freeman, Emily Holmes, Michael Teigen
Sortie en salles le 27 février 2008Illus. © Bac Films
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