L’irréductible Kounen se serait-il assagi ? L’enfant terrible parti sur les terres de la VR et des docs fumants aurait-il finalement décidé de rentrer dans le rang ? Sinon que vient-il faire à la tête de cette comédie inspirée par les comédies françaises popus des 70s ? Pierre (Vincent Lindon) est le PDG d’un alcoolier très puissant. Tous les cinq ans, il doit renouveler le contrat qui le lie à son cousin Adrien (François Damiens). Ce dernier est son antithèse : dépressif, maladroit, il a depuis des années délégué son pouvoir sans jamais demander de comptes. Mais cette fois, c’est terminé. Au cours d’un voyage qui les mènera dans les vignobles bordelais, ils vont être amenés à se rapprocher… Clairement taillé sur le modèle des buddy movies de Veber, le film séduit au début par l’abattage des comédiens. Damiens joue le neuneu de service qui va redonner un sens à la vie de son cousin, industriel cynique et sans cœur joué avec délectation par Lindon à l’opposé de ses rôles sociaux chez Brizé. Comme tous les films de Kounen, il s’agit bien d’un voyage : moins mystique qu’Ayahuasca, le parcours de Pierre reste un récit, sinon transcendantal, initiatique et très français. L’ensemble est parfois brouillon, parfois forcé (la rédemption de Lindon). Mais lorsque l’esprit frondeur de Jan Kounen se libère de la loi du marché (une mouette peut décider du destin des gens), cette comédie morale retrouve subrepticement la dinguerie punk du réalisateur.