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La résistance à l’intégrisme se niche souvent dans les contrastes. Retourner par exemple s’attabler en terrasse après les attentats de novembre 2015 pour montrer aux fanatiques que faire régner leur ordre barbare par la peur était peine perdue. Le premier long de Mounia Meddour obéit à cette même idée de lutte par un biais en apparence futile : l’organisation d’un défilé de mode dans l’Algérie des années 90 dominée par la montée en puissance des islamistes du FIS. Nedjma, la papicha (« jolie fille » en français) du film, veut vivre sa vie sans se soucier de ce ciel qui s’assombrit. Elle fait ainsi régulièrement le mur de la cité U pour aller s’amuser en boîte, malgré le risque des contrôles routiers inopinés. Elle n’a pourtant rien d’une écervelée, elle entend juste faire fi du discours machiste dominant et assouvir sa passion du stylisme dans ses tenues et celles qu’elle crée pour les autres. Jusqu’au jour où cette haine lui explose en pleine figure avec l’assassinat de sa sœur journaliste. Défendre ses idéaux de liberté devient alors son obsession et organiser ce défilé, l’étendard de sa révolte, tant elle hérisse le poil des intégristes prêts à tout pour l’interdire. Parfois maladroit dans la conduite de son récit, Papicha a le mérite d’aller au bout de son idée de contraste. De transformer une réalité sombre en un film lumineux où les cris de joie recouvrent le bruit des larmes. À l’image de l’énergie vibrante déployée par Lyna Khoudri. Celle-ci fait mieux que confirmer les espoirs placés en elle depuis Les Bienheureux. Elle s’affirme comme un des jeunes talents essentiels du cinéma français.