-
Écrasés sous les questionnements existentiels, ses deux films précédents révélaient néanmoins une cinéaste douée pour traquer la vérité jusqu’à l’excès. Polisse participe de cette quête. À l’instar de la faute d’orthographe dans le titre, le film n’est pas parfait, mais on s’en fout tant les quelques scories ne contreviennent jamais à sa puissance émotionnelle. Maïwenn se révèle une réalisatrice accomplie, suffisamment sûre de son art pour laisser de côté l’ostentatoire et mettre son talent au service des autres. Cet altruisme donne au film une pulsion de vie déchirante.
Toutes les critiques de Polisse
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Pour sa troisième réalisation, Maïwenn plonge le spectateur au coeur de cette brigade. Sans ménagement ni pudeur. Toujours à hauteur d'homme, dans la veine du L. 627 de Bertrand Tavernier, elle livre, avec la complicité d'une troupe exceptionnelle, une chronique âpre et réaliste où l'humanité le dispute à la sincérité, sans verser dans l'émotion facile.
-
Polisse fonctionne plus avec les tripes qu’avec le cerveau, c’est un film physique, coup de latte, qui manque sans doute de raffinement esthétique, de subtilité politique ou de froideur analytique, la tête dans le guidon de l’action et du présent, oscillant entre montées et descentes d’adrénaline. Mais rares sont les films français qui possèdent ce feu et ce punch, qui rendent compte avec ce degré d’intensité de l’état de nerfs et d’épuisement de la France contemporaine.
-
La dignité du film est presque entièrement redevable à JoeyStarr, sorte de Bob Mitchum hexagonal. C’est lui qui fait tournoyer avec le plus de nuances et de charisme les ambiguïtés de son personnage de keuf hardcore issus des banlieues entre désir d’en découdre et sensibilité à fleur de peau. Face à lui, Maïwenn, fragile, poseuse, dans le rôle de la bourgeoise photographe embarquée, est délibérément énamourée et à côté de la plaque. Presque en marge, elle règle aussi des comptes persos comme elle l’avait déjà fait dans Pardonnez-moi, son premier long métrage.
-
(...) l'on passe sans temps mort du drame le plus atroce au rire les plus libérateur. Des gestes d'amitié intense à la rancœur haineuse entre collègues. (...) Des acteurs qu'elle sait pousser dans leurs retranchements sans qu'à l'écran on assiste à une accumulation de performances solitaires. Polisse est bel et bien une oeuvre collective, au sens premier du terme, dans laquelle la réalisatrice a eu la belle idée de se confier le rôle de la photographe qui vient observer ce petit monde avant d'être emportée dans la ronde de leurs existences.
-
En outre, Maïwenn n’évite ni les maladresses (la dispute entre Iris et Nadine), ni les zones d’ombre (la défenestration d’un personnage principal), ni cette fâcheuse tendance à appuyer le contraste entre les moments où l’on se doit d’être ému (la mère africaine SDF contrainte d’abandonner son fils) et ceux où l’on nous somme de rire (le téléphone portable de l’adolescente). Enfin, la romance entre Melissa et Fred, prévisible et convenue, affaiblit le rythme d’un récit déjà bien pourvu en intrigues. En dépit de ces réserves, Polisse est une œuvre percutante et efficace, qui a séduit Robert De Niro au point qu’il lui décerne le Prix du Jury, réservé au film outsider de la compétition officielle cannoise.