Première
par David Fakrikian
(...) Une première demi-heure qui est globalement la meilleure suite jamais donnée au 3 films de James Cameron (si l'on compte T2-3D), dominée par un Schwarzenegger impérial. Emilia Clarke serait presque convaincante en Sarah Connor et on pourrait même pardonner la faute majeure de casting (Jai Courtney, lisse, alors qu'il est pourtant au centre du récit et est censé porter le film sur ses épaules). Le rating PG-13 ne se fait même pas sentir, tant les injures et les balles fusent à tout va. L'action est sans relâche, et le plaisir de retrouver Arnold dans le rôle qui l'a rendu célèbre l'emporte sur les défauts. L'inclusion du titre des Ramones "I wanna Live" (originellement, le morceau qui figurait à la place de "You could be mine" des Guns & Roses dans "T2") montre d’ailleurs jusqu'ou les scénaristes sont allés pour repêcher l'inspiration et la magie de la saga. Quand "Pops", le T-800, despatche enfin brutalement le T-1000, au prix de sa propre intégrité physique, on se dit que sans atteindre les sommets de "Mad Max Fury Road", ce "Terminator" là va nous embarquer pour un rollercoaster scénaristique fun de série B de luxe, au point de se créer sa propre identité, et nous surprendre jusqu'au bout. Malheureusement, dès que les héros se téléportent en 2017 le film s'écroule. L'idée est réchauffée, empruntée au pilote de la série "Sarah Connor Chronicles", à qui le film subtilise aussi le concept d'un policier, jouée ici par l'excellent J.K. Simmons, qui a découvert l'existence des machines dans le passé, et attend depuis des années de se convaincre qu'il n'est pas fou. En pilote automatique, privé de la béquille du matériel original de Cameron, "Terminator Genisys" devient alors une succession de scènes d'action numériques sans saveur, du téléfilm de luxe, entrecoupé d'interminables tunnels de dialogues explicatifs.Le film sent les coupes et les réécritures dans toute cette deuxième moitié, où passe à l'as la caractérisation des personnages, qui ne deviennent plus que des marionnettes à expliquer un paradoxe temporel qui semble les dépasser, là ou les deux film originaux réussissaient à nous informer avec une désarmante simplicité.
Pire, "Genisys" néglige le T-800 dans cette deuxième partie durant laquelle la star semble entrer et sortir des scènes au gré de ses disponibilités de planning de tournage, et ne traite que parcimonieusement de sa vieillesse - une idée pourtant brillante ("I am old, not obsolete"). C'est comme si, truffé de bonnes idées, le film n'arrivait pas à les agencer correctement pour les développer, à l'image de cette scène ou Sarah Connor écoute les Ramones au walkman, pendant que Pops et Reese, les deux hommes de sa vie, se prêtent à un concours d'efficacité à remplir des chargeurs, dans lequel Pops perd : le montage, maladroit, ruine la scène, n'osant jamais pousser la comédie jusque dans ses retranchements. L’alchimie entre Sarah et Kyle ne prend jamais non plus et, côté romance, circulez, il n’y a pas d’amour à voir. Mais malgré tous ces défauts, "Terminator Genisys" n'est pas la catastrophe annoncée. C'est même le meilleur "Terminator" depuis "T2-3D", surpassant sans effort les deux films précédents et la série TV. Certes, il manque à la barre un vrai metteur en scène et auteur plutôt qu'un artisan efficace, mais sans personnalité comme Alan Taylor, qui n'est virtuose ni avec l'action, ni avec les personnages. On peut critiquer le parti-pris d'inscrire le film dans le moule du blockbuster moderne de super-héros numérique, mais c'est oublier que le premier film s'inscrivait lui aussi dans un autre moule commercial de l'époque, celui du film de psycho-killer, et que "Terminator 2" a créé le moule blockbuster moderne ! La différence c'est que là ou Cameron, dans les films originaux, réussissait à pervertir le genre, en affirmant dès les premières secondes le concept du blockbuster d'auteur, "Genisys" se perd, vacillant sous le poids de l'héritage, sans une personnalité forte à la barre, et n'arrive jamais à décoller. Au prochain épisode, peut-être ? Parce-que c'est certain : il reviendra.
Première
par Christophe Narbonne
Comment régénérer une franchise abîmée par deux épisodes franchement oubliables ? En faisant comme s’ils n’avaient jamais existé. Le premier acte de "T5", qui projette tout le monde en 1984 (sans trop spoiler, c’est toujours la même chose : il faut détruire Skynet), joue ainsi avec les images indélébiles du diptyque originel imaginé par James Cameron, et c’est plutôt réjouissant. La suite, qui court désespérément après sa propre mythologie mais se contente de multiplier les vannes sur l’âge de Schwarzie (surnommé "pops", autrement dit "papy" !), n’est qu’une succession de scènes d’action numériques spectaculaires. Une nouvelle occasion manquée.