Première
par François Léger
Comme pratiquement tout film ouvrant joyeusement le robinet à hémoglobine, Terrifier 3 est précédé de rumeurs de malaises dans les salles, de vomissements incontrôlables et de gens outrés qui quittent la projection au bout de dix minutes. Schéma usé de promotion du cinéma d’horreur ? Peut-être pas seulement : le long-métrage a carrément été interdit aux moins de 18 ans chez nous (de l’inédit depuis Saw 3 en 2006), mettant son distributeur dans une situation potentiellement délicate. Mais de quoi parle-t-on, au juste ?
En 2016, le réalisateur américain Damien Leone se faisait un nom dans l’horreur underground avec le premier Terrifier, tourné avec un budget riquiqui. L’histoire d’un clown muet et malfaisant, Art, ayant une fâcheuse tendance à transformer en bouillie tous ceux qui se trouvent sur son chemin. Un sommet d’humour gore rendant hommage aux slashers 80’s, suivi d’un deuxième volet en 2023 qui montait les potards à 11 et faisait de ce mime Marceau sadique une figure immortelle entre Michael Myers et Freddy Krueger.
Terrifier 3 troque le décor d’Halloween pour celui de Noël. Sienna (Lauren LaVera) et son petit frère (Elliott Fullam), derniers survivants, s’efforcent de laisser derrière eux les horreurs du passé. Mais Art le clown refait surface et les fêtes de fin d’année vont prendre une saveur particulière… Bras amputés, parties génitales coupées en deux, brûlures à l’azote liquide, explosion de gamins, cerveaux à l’air libre, peau du visage retirée d’un coup sec : généreux dans la perversité graphique (les effets spéciaux pratiques sont toujours impeccables), Leone signe une nouvelle farce grand-guignolesque qui n’a jamais peur de pousser le bouchon un peu trop loin.
Les amateurs de cinéma crapoteux se délecteront de l’inventivité des exécutions d’Art (grande prestation de David Howard Thornton sous le masque), sorte de toon maléfique avec des instruments de torture à la place des gadgets Acme. Chargé en gags burlesques, Terrifier 3 est aussi un vrai film de duo, la petite amie démoniaque devenant ici l’un des personnages principaux. Une relation Joker/Harley Quinn sous amphétamines - très perturbante scène de masturbation avec un morceau de verre - qui apporte beaucoup à une mythologie un peu bancale. C’est d’ailleurs dans la caractérisation de son héroïne, Sienna, que l’inévitable Terrifier 4 devra faire des efforts. Mais peut-on vraiment reprocher à Damien Leone de plus s’intéresser à son génial couple de méchants qu’à une final girl lambda ?