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Voyage à Yoshino est le premier Naomi Kawase à sortir en France sans être passé par la case cannoise où elle a son rond de serviette depuis sa Caméra d’or en 1997 pour Suzaku. Un retour à la normale donc pour une réalisatrice qui, depuis vingt ans, use (et abuse aussi) des mêmes effets pour donner naissance à des films béats épris d’une grandeur panthéiste. Ici, ça ne fonctionne pas. Le retour d’une Française (Juliette Binoche) à la recherche d’une plante médicinale rare sur les lieux nippons de son premier amour ne trouve pas le lyrisme qu’on lui prête d’habitude. Naomi Kawase célèbre la beauté de la nature mais sans la transcender. Elle succombe à son travers : la tentation de sursignifier les choses au lieu de les esquisser. Et la lenteur qu’elle inflige à son récit tient plus de la pose que de la vraie poésie.