guide des sorties du 28 août 2019
Gaumont Distribution / Ad Vitam / SBS Distribution

Ce qu’il faut voir cette semaine.

PREMIÈRE A AIMÉ

LA VIE SCOLAIRE ★★★☆☆

L’essentiel

Deux ans après Patients, Grand Corps malade 
et Medhi Idir récidivent avec une nouvelle comédie en milieu fermé, un collège du 93. Drôle et incisif.

À Première, Patients nous avait bluffés. Pour leur premier film, Grand Corps Malade et Mehdi Idir combinaient avec maestria sens de la vanne, caractérisation subtile, humanisme discret et mise en scène soignée. Sur tous ces plans, La Vie scolaire séduit à son tour, l’effet de surprise en moins. En choisissant un genre balisé – le film d’école –, les deux larrons n’ont pourtant pas opté pour la facilité. Leur bonne idée ? Adopter le point de vue un peu décalé d’une CPE (conseillère principale d’éducation, qui veille à l’application du règlement intérieur) sur une vie scolaire habituellement vécue, à l’écran, de l’intérieur par les profs ou les élèves.

Christophe Narbonne

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UNE FILLE FACILE ★★★☆☆

L’essentiel

Propulsée sous le feu des projecteurs, Zahia Dehar dévore tout cru ce conte amoral récompensé à la Quinzaine des réalisateurs.

D’un côté, Rebecca Zlotowski (Planetarium), cinéaste à la cérébralité affirmée. De l’autre, Zahia Dehar, ex-escort girl ultra-médiatisée pour une affaire de mœurs, au physique qui ne laisse pas indifférent. De ce choc des apparents contraires naît un conte amoral, le portrait sans fard de la féminité et du rapport à l’émancipation sexuelle dans une époque où l’on croit – à tort – tous les tabous envolés.

Thierry Chèze

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VIF-ARGENT ★★★☆☆

Directeur de casting réputé, Stéphane Batut réussit ses débuts de réalisateur. Qu’importe les coups de mou qui peuplent son récit, l’essentiel est ailleurs : sa croyance dans le cinéma et son désir de lyrisme – qui ne cesse de progresser au fil de ses images. Il ne se sent en effet jamais obligé de sacrifier au réalisme pour rattraper au vol ceux qui se seraient égarés. Son héros, Juste, a la faculté de voir les morts, et recueille leurs ultimes souvenirs avant de les faire passer dans l’autre monde. Mais un jour, une jeune femme (bien vivante, elle) croit avoir reconnu en lui un amour d’autrefois. Une deuxième chance est-elle possible bien que Juste soit un fantôme ? Vif-Argent déploie cette intrigue avec une grâce poétique jamais prise en défaut. Ni pleinement tragi-comédie romantique ni totalement film de genre, sa singularité le rend terriblement attachant.

Thierry Chèze

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

WEDDING NIGHTMARE ★★☆☆☆

Et dire que c’était supposé être le plus beau jour de sa vie... En épousant l’un des héritiers d’une riche famille où elle n’est pas vraiment accueillie à bras ouverts, Sara va expérimenter à son corps défendant le sens de l’expression "pour le meilleur et... pour le pire". Sa nuit de noces se transforme en effet en cauchemar où, entraînée dans une singulière partie de cache- cache, elle devient la jeune femme à abattre pour respecter une tradition aussi séculière que sanglante. Dopée à l’humour noir, cette chasse à la femme fonctionne à la manière d’un Destination finale selon un scénario tentant de rivaliser d’imagination dans la confection des pièges meurtriers mis sur la route de son héroïne. Mais, au lieu du joyeux délire annoncé, Wedding Nightmare, desservi par une interprétation inégale, reste au final trop sagement dans les clous pour convaincre pleinement.

Thierry Chèze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

FRANKIE ★☆☆☆☆

L’essentiel

Le réalisateur de Brooklyn Village pose pour
 la première fois sa caméra en Europe sans convaincre. L’une des rares déceptions cannoises.

Dans un Cannes 2019 d’un niveau exceptionnel, ce Frankie a fait figure d’exception. Et de mauvaise surprise pour tous ceux que le cinéaste avait séduits avec Keep the lights on, Love is strange ou Brooklyn Village, qui tous abordaient la réalité sociale américaine sans pour autant se poser en donneurs de leçons. Avec Frankie, il traverse l’Atlantique. Direction : Sintra, au Portugal, où une actrice française gravement malade a décidé de réunir ses proches pour ses dernières vacances. Certes, on retrouve ici toute la délicatesse de Sachs, qui éloigne cette histoire de toute facilité larmoyante. Sauf qu’à la longue, Frankie tend vers la neurasthénie : à force d’ellipses mal maîtrisées donnant lieu à des explications de texte pataudes, le film, qui lorgne du côté de Woody Allen en oubliant sa dimension comique, s’effiloche.

Thierry Chèze

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L’ŒUF DURE ★☆☆☆☆

Après Omelette et Les yeux brouillés, Rémi Lange poursuit son journal intime avec L’œuf dure. Le titre est fort bien trouvé puisque la conception d’un enfant est au cœur de cet épisode. Mais force est de constater qu’au-delà du titre, ces confessions intimes ont perdu un peu de grâce. De manière très démonstrative, le réalisateur construit son journal filmé comme une succession de séquences qui confrontent les tabous. À commencer par la mort. Dès les premières séquences, il choisit de montrer l’agonie puis le corps sans vie de sa grand-mère. Plus tard, quand, avec son compagnon, il projette d’avoir un enfant, c’est sur une handicapée moteur (l’excellente Magalie Le Naour-Saby) qu’il porte son choix, et interroge dans des divagations improvisées la sexualité des handicapés. Ces sujets forts auraient mérité un vrai scénario.

Sophie Benamon

 

 

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