De son court Césarisé, Amélie Bonnin a tiré un long qui ouvre Cannes. Un bonheur de film sur une trentenaire qui se confronte à son passé pour se réinventer. Juliette Armanet y fait des débuts flamboyants.
C’est une de ces success stories que nul n’aurait pu anticiper. Un premier court qui a donné naissance à un premier long, invité à ouvrir Cannes. Du jamais vu dans l’histoire du festival ! Alors, un flashback s’impose. Jusqu’en 2022, date de présentation de Partir un jour - le court au festival de Clermont. Amélie Bonnin y met en scène le retour dans sa ville natale d’un trentenaire (Bastien Bouillon) monté à Paris devenir écrivain et ses retrouvailles avec une ancienne camarade de classe (Juliette Armanet). Le film repart avec le prix du public, début d’une collection de trophées conclue donc par un César. Et d’une impulsion qui donnera l’envie de développer ce récit en long. En reprenant le principe des chansons qui prolongent les dialogues comme dans On connaît la chanson, interprétées, ici, par les comédiens. Mais en intervertissant le sexe des personnages.
Dans Partir un jour - le long, c’est donc Cécile, cheffe cuisinière sur le point d’ouvrir son premier gastro à Paris qui revient dans le village de son enfance suite à l’infarctus de son père (François Rollin, bouleversant comme la merveilleuse Dominique Blanc qui joue sa femme), patron d’un restau routier et qui va recroiser Raphaël, son amour de jeunesse. En changeant de format, Amélie Bonnin n’a rien perdu de la beauté du regard qu’elle porte sur la province, de plus en plus scrutée par le cinéma français mais rarement avec cette empathie. A l’image de la playlist dépouillée de tout snobisme de son film, de Dalida aux 2 be 3 en passant par Benabar ou Nougaro...
Mais en inversant les personnages, Amélie Bonnin, signe ici un magnifique portrait de femme qui découvre le besoin de se confronter aux non- dits du passé (amoureux, familiaux) pour aller de l’avant et se réinventer. Et elle trouve à chaque fois le ton juste pour orchestrer ces face- à- face rudes (le rapport père- fille abimé par des malentendus accumulés), radieux (le retour sur la patinoire de leur jeunesse de Cécile et Raphaël) ou blessants (quand Cécile découvre que Raphaël est marié et papa).
Sans mièvrerie, ne niant rien du fossé qui peut se creuser quand on s’éloigne de là où on a grandi, Amélie Bonnin touche directement au cœur. Tout en magnifiant la part lumineuse de Bastien Bouillon et en révélant l’immense talent de comédienne de Juliette Armanet, dont le visage si expressif dit plus que mille mots. Un bonheur de film !
De Amélie Bonnin. Avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin… Durée 1h35. Sortie le 13 mai 2025







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