Un rôle très différent que celui d'Amélie Poulain pour l'actrice.
Ce soir, France 3 rediffuse Un Long dimanche de fiançailles à 20h50, où Audrey Tautou fait tout pour retrouver son fiancé (Gaspard Ulliel), parti en guerre dans le film de Jean-Pierre Jeunet.
En 1919, Mathilde, une jeune handicapée, tente de retrouver son fiancé, Manech, disparu lors de la guerre qui vient de s'achever. Accusé de mutilation volontaire, Manech avait été abandonné, avec quatre autres soldats, en plein no man's land. Tous les témoignages concordent : les cinq condamnés à mort ont bien été tués dans la journée qui a suivi. Mais Mathilde s'obstine. Elle est persuadée que Manech est encore en vie et explore toutes les pistes disponibles. Elle engage un détective privé du nom de Pire, qu'elle charge de retrouver tous les vétérans qui ont croisé la route du disparu. L'un d'eux, Célestin Poux, pourrait détenir des informations sur Manech...
Un film poétique et réaliste en plein dans l'univers de Jean-Pierre Jeunet, qui a eu un succès fou lors de sa sortie en 2004 avec plus de 4.3 millions d'entrée. Au États-Unis, le film est resté 12 semaines à l'affiche. Pourtant, à l'époque, Audrey Tautou racontait dans Première avoir souffert en acceptant ce rôle. Voici quelques extraits de son entretien publié par Christophe Narbonne en octobre 2004, dans le n°332, dont la comédienne était en couverture.
Un long dimanche de fiançailles : le plus français des films américains« Amélie, je l’ai trouvée un soir, comme ça [elle claque des doigts]. J’imaginais une sorte de fée avec un certain port de tête, la nuque raide, qui a du mal à communiquer avec les gens. Je l’ai ensuite jouée très facilement. Pour Mathilde, c’était complètement différent. À la lecture du roman, je m’en étais fait une idée qui ne correspondait pas forcément à celle de Jean-Pierre. J’avais peur de son côté Columbo en corset! Je la voyais plus explosive. À un moment, dans le bouquin, elle traite un personnage de “mange-merde”. J’aurais bien aimé tourner cette scène. Mais Jean-Pierre préfère la retenue. Il m’a demandé de me contenir... Comme je n’ai pas passé d’essais, j’ai beaucoup tâtonné. Il m’a fallu trois, quatre jours pour trouver le personnage. Je voulais vraiment être à la hauteur du roman, que j’avais toujours à portée de main. Mathilde, pour moi, ravale ses larmes. J’ai gravé dans ma tête que si elle ne retrouve pas Manech, elle se tuera. »
« Je ne correspondrai peut-être pas à l’idée que les nombreux lecteurs se faisaient du personnage. En tout cas, je ne me suis pas moqué d’elle ni d’eux. »
« En arrivant sur le plateau, je me suis dit que je rentrais dans un long tunnel. Et, de fait, j’ai été sous terre pendant cinq mois. Je me suis laissé grignoter par Mathilde, comme si j’étais à l’intérieur de son cœur... Je me suis aperçue à cette occasion que je me mettais au diapason des personnages. »
« Je n’arrive pas à écarter Mathilde. J’en suis presque honteuse. Je m’y suis retrouvée dans cette fille... C’est bête, hein? J’aime son décalage, sa manière de se démarquer des autres. Moi-même, je me sens décalée par rapport aux illusions que je me fais sur la nature humaine. J’ai du mal à accepter l’impureté des hommes, leur face sombre. Je n’ai pas été préparée à affronter ça. Je ne suis pas quelqu’un qui combat, qui dit les choses. Pour cette raison, je ne suis pas à l’aise dans le monde du cinéma. J’ai conscience de faire désormais partie des meubles mais je ne me sens pas prisonnière. Je pourrais arrêter demain. »
« C’est maintenant que ça se complique. Il m’est de plus en plus difficile de me régénérer. J’aimerais pouvoir jouer des héroïnes très différentes, aborder mon métier autrement: soit faire disparaître la part de moi qui existe dans chaque rôle; soit ne pas me cacher derrière les personnages. Pulvériser enfin cette pudeur qui me colle à la peau! »
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