Actrice secrète, chanteuse, scénariste et dramaturge confirmée, Agnès Jaoui est une artiste complète au palmarès déjà impressionnant. Née le 19 octobre 1964 à Antony, elle a su imposer, aux côtés de son alter-ego Jean-Pierre Bacri, son ton inimitable empreint d’humour noir et d’ironie grinçante, mais non dénué d’humanité et de générosité. On lui doit notamment les films Le Gout des autres, Comme une image, Parlez-moi de la pluie et Au bout du conte.
Fille d’une psychanalyste et d’un conseiller en marketing, Agnès Jaoui est née le 19 octobre 1964 à Antony. C’est une enfant brillante et précoce. Dès l’âge de quinze ans, elle suit le cours Florent et prend des cours de chant au Conservatoire du 7e arrondissement puis à Enghien. Une voie d’excellence qu’elle poursuit en étudiant en Hypokhâgne au lycée Henri IV à Paris jusqu’à l’âge de vingt ans. En 1984, c’est sous la houlette de Patrice Chéreau qu’elle décide de continuer son apprentissage du théâtre en suivant les cours d'art dramatique du mythique Théâtre des Amandiers à Nanterre aux côtés notamment de Vincent Pérez et de Valeria Bruni-Tedeschi. Apprentissage qui lui permet d'ailleurs d'obtenir un rôle dans le film de Chéreau, Hôtel de France (1987). Expérience enrichissante, mais douloureuse, elle préfère ne pas intégrer la troupe du prestigieux metteur en scène et rester libre. La même année, dans la pièce d'Harold Pinter L'Anniversaire, elle fait une rencontre cruciale avec le comédien Jean-Pierre Bacri, son futur compagnon.
La naissance d'un duo
Ils décident de mener, deux années plus tard, un projet commun en écrivant à quatre mains leur première pièce Cuisine et dépendances. Jaoui endosse le tailleur d’une femme d’affaires de la télé ultra-occupée et névrosée. La pièce ayant récolté un grand succès, elle est adaptée au cinéma en 1992 par Philippe Muyl.En 1994, c’est la consécration grâce à Smoking / No Smoking (1993). Ils raflent le César du Meilleur Scénario. Adaptation de la série des huit pièces d'Alan Ayckbourn, Intimate Exchanges, réalisée par Alain Resnais, le film est un diptyque ironique et ludique qui étudie les rapports entre hasard, libre arbitre et destin.
La reconnaissance du public
Ils réitèrent leur succès théâtral avec Un air de famille, une deuxième pièce empreinte de cette misanthropie fortement teintée d'humour noir qui fait la griffe du couple. Agnès Jaoui y incarne le rôle de la sœur un peu rebelle trop franche et trop fière du personnage joué par Bacri. Cédric Klapisch l’adapte au cinéma en 1996 et leur permet de remporter leur deuxième César du Meilleur Scénario en 1997. Le film permet également de faire connaître du grand public ce duo d'acteurs-scénaristes et de mettre la lumière sur leur talent d'observateurs du quotidien, leur analyse acerbe des carcans sociaux enrobée d’un humour caustique et désabusé. Ils collaborent à nouveau en tant qu’auteurs et interprètes avec Resnais pour la comédie musicale On connaît la chanson (1997). Jaoui y fait également ses premiers pas de cinéaste en réalisant la bande-annonce du film. Grâce à cet énorme succès critique et populaire, le couple remporte son troisième trophée aux Césars en 1998, et Jaoui sa première reconnaissance en tant qu’actrice avec le César du meilleur Second Rôle. Elle y campe, avec son mélange particulier de fragilité et de mordant, une éternelle étudiante, dépressive et guide pour touristes japonais à ses heures perdues.Elle se concentre un temps sur sa carrière d’actrice et joue dans Le Cousin (1997) d'Alain Corneau puis dans Une femme d'extérieur (1999) de Christophe Blanc. À mille lieues de l’univers Bacri-Jaoui, elle donne la pleine mesure de son talent d’interprète dans la peau d’une épouse trompée sombrant dans la dépression ; puis on la retrouve dans le rôle costumé d’une femme emportée par la passion avec Vingt-quatre heures de la vie d'une femme (2004) de Laurent Bouhnik.
Premières réalisations
En 2000, elle décide de passer derrière la caméra. Elle réalise Le Goût des autres (2000), comédie chorale et généreuse dans laquelle le couple auteur interprète, explore avec humour et causticité leur thème favori : l'opposition d'identités socioculturelles dans un petit groupe de personnages. C’est le triomphe, le film remporte 4 Césars en 2001 dont celui du Meilleur Film. Elle y tient le rôle de Manie, la barmaid un peu dealeuse qui accueille la joyeuse troupe d’artistes snobs.Désireuse d’enrichir sa galerie de rôles de femmes urbaines et contemporaines, elle incarne ensuite une vedette de cinéma égocentrique dans Le Rôle de sa vie (2004) de François Favrat. Elle poursuit également son chemin de cinéaste, la même année, avec un deuxième film en compétition à Cannes : Comme une image, toujours interprété et co-écrit avec Bacri. L’œuvre obtient d'ailleurs le Prix du scénario. En 2005, elle campe une courageuse directrice d’orphelinat dans le dernier film du défunt Richard Dembo, La Maison de Nina.
Vers une carrière musicale ?
Passionné de chant, discipline qu’elle a perfectionné au Conservatoire durant sa jeunesse, elle se lance dans la musique et publie un premier album aux sonorités latines, Canta (2006), salué par une Victoire de la musique. Mais sa passion pour le cinéma ne la quitte pas pour autant. En 2008, elle revient en effet à la réalisation et à l’écriture avec Parlez-moi de la pluie, film discret dans lequel elle offre un rôle à contre-emploi à Jamel Debbouze.Il faut ensuite attendre l'année 2012 pour la retrouver à l'écran, en tant qu'actrice, dans le film Du vent dans mes mollets. L'année suivante, c'est toujours en tant qu'actrice qu'elle apparaît au générique de l'Art de la fugue de Brice Cauvin puis elle retrouve avec son acolyte Bacri pour le film Au bout du conte, qu'elle scénarise et réalise. Mais c'est en tant qu'actrice que Agnès Jaoui est plebsicitée. Pour son rôle dans Comme un avion, elle est nommée pour le César de la Meilleure Actrice dans un second rôle.