Nom de naissance ZECCA
Avis

Biographie

Après Lumière, l'inventeur, et Méliès, l'artiste, vient Zecca, l'homme d'affaires avisé, le père du cinéma populaire à grande diffusion. Nul souci d'approfondissement technique chez ce fabricant de produits en série, nulle fioriture, mais un sens inné du rythme, de l'effet spectaculaire, du gag qui fait mouche, et, à l'occasion, de l'impact dramatique ou onirique. Un roublard soucieux de rentabilité, mais aussi, à sa façon, un poète.Il venait du caf' conc', son père étant machiniste aux Funambules. Il fut engagé par Charles Pathé (chez qui sa sur était fille de salle) et, après avoir mimé avec brio devant les caméras quelques numéros de music-hall, tels que les Mésaventures d'une tête de veau, fait sensation en interprétant et réalisant alors que le cinéma en est à ses balbutiements un film burlesque et... sonore, par procédé d'enregistrement sur cylindre : le Muet mélomane. Très intéressé, Pathé fera de Zecca son homme de confiance. À partir de 1901, il tourne à la cadence de deux à trois films par semaine, se bornant parfois à superviser ceux de ses assistants (Gaston Velle, Lucien Nonguet, André Heuzé, etc.). Les sujets vont du Coucher de la mariée au Repas infernal, en passant par Un drame à la mine et autres Conquête de l'air. L'inspiration en est grossière (nous sommes loin des savants mouvements d'horlogerie de Méliès), la technique rudimentaire, et pourtant l'on est frappé, en revoyant aujourd'hui ces courtes bandes de 20 à 50 mètres, par leur vitalité, leur entrain irrésistible, une frénésie proche de la surréalité. Ainsi, par exemple, Tempête dans une chambre à coucher (1902), cauchemar baroque qui a la densité d'un tableau de Magritte, l'Histoire d'un crime, Victimes de l'alcoolisme ou Incendiaires, qui combinent l'âpreté réaliste de Zola à un humour macabre à la Dupuytren. Quand il ne nous détaille pas les préparatifs d'une exécution capitale, Zecca se paie le luxe d'habiles flash-back, signe d'un surprenant modernisme chez ce prétendu analphabète. Ce qui fait écrire à Georges Franju (en 1935) que « Zecca, aujourd'hui comme hier, fait figure de maître, peu de metteurs en scène contemporains étant capables de faire revivre les magnifiques morceaux contenus dans son uvre ».Lui et son équipe abordèrent, à peu près, tous les genres : scènes grivoises, drames « réalistes », vues historiques, féeries froidement calquées sur Méliès, films-poursuites (la grande spécialité d'André Heuzé) et, surtout, reconstitutions religieuses, la plus fameuse étant une Passion qui atteignit 700 m de long (environ 45 minutes de nos cadences actuelles), subdivisée en quatre époques et 39 tableaux, l'ensemble étant conçu de façon à pouvoir être fragmenté en plusieurs séances. Il faut peut-être chercher là les prémices du film à épisodes, qui fera florès dix ans plus tard. Même lorsqu'il s'en tient sagement aux canons de l'imagerie sulpicienne, Zecca reste un précurseur. Il a la prescience d'un style narratif, d'un équilibre des formes et d'un dynamisme gestuel que sauront apprécier les Américains, à commencer par Cecil B. De Mille. Sa version de l'Affaire Dreyfus (1908) n'est pas dépourvue non plus de panache : moins élégante que celle de Méliès, elle est aussi moins statique.À partir de 1914, Zecca abandonne la réalisation et la production pour se consacrer à des tâches administratives. Il équipera des studios à Berlin puis à Jersey City, dirigera la filiale de Pathé aux États-Unis et, de retour en France à la fin des années 20, créera le très actif département « Pathé Baby ».

Filmographie Cinéma

Année Titre Métier Rôle Avis Spectateurs
2015 A la conquête de l'air Réalisateur -
2015 La Danse Héroïque Réalisateur -
2015 La Lutte Pour La Vie Réalisateur -
2015 La Fièvre de l'or (court métrage) Réalisateur -

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