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Claude Lanzmann signe ici le quatrième round du combat de sa vie : témoigner de l’extermination des juifs par les nazis. Le Dernier des injustes revient sur un épisode particulier de l’Holocauste. En
recueillant les confessions de Murmelstein, le cinéaste raconte l’histoire de ce rabbin qui, pendant des années, joua un rôle ambivalent auprès d’Eichmann à Vienne, puis au camp de Terezín en tant que doyen du Judenrat, le conseil juif. Outre les propos de cet « injuste » et par-delà les discussions passionnantes sur le cas Arendt, le film met surtout en scène le retour du réalisateur sur les ruines
de ce camp. Tour à tour philosophe, professeur d’histoire, orateur intarissable et rageur, il paraît fatigué, accablé, usé par l’ascension d’un escalier ou par la récitation de ses commentaires. Ces moments poignants rappellent que, sa vie durant, Claude Lanzmann n’aura cessé de chercher à s’immerger dans les yeux de la mort, d’affronter les Enfers en tentant d’en revenir vivant.
Toutes les critiques de Le dernier des injustes
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) film tragique et indispensable, d'une inoubliable beauté.
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Si Le Dernier des injustes est un film remarquable, c’est aussi parce qu’au-delà de tout, le spectateur ne peut rester insensible à la personnalité de Benjamin Murmelstein, dont Claude Lanzmann, question après question, tente d’appréhender toute la complexité. Vertigineuse entreprise visant à percer les mystères d’une existence, à s’approcher de la vérité d’un être confronté à l’impensable et finalement réhabilité par le cinéaste.
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Dans "Le Dernier des injustes", le cinéaste de "Shoah" brosse le portrait de Benjamin Murmelstein, rabbin à l’action contestée qui fut rejeté par les siens.
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Parcours fascinant d'un homme, disparu en 1989, et dont Lanzmann peut dire que "les nazis avaient voulu faire de lui une marionnette, mais la marionnette avait appris elle-même à tirer les ficelles".
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Le plus intéressant demeure une fois de plus le récit de Murmelstein, ainsi que sa personnalité : fort, courageux, intelligent et cultivé. Ne reculant jamais devant une question dérangeante, il n’essaie pas d’esquiver ses responsabilités, avouant son goût pour le pouvoir, pour la lutte, et assumant une certaine mégalomanie. A l’issue de ce témoignage long, parfois difficile à suivre dans tous ses détails pour qui n’est pas spécialiste mais toujours passionnant, le spectateur n’obtient évidemment aucune réponse définitive à la question de la responsabilité individuelle que pose le film : aurait-il dû faire autrement ? le pouvait-il ? Il est présomptueux d’en juger ici et aujourd’hui.
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Le réalisateur de Shoah revient sur un sujet toujours polémique – le rôle des Conseils juifs durant la Seconde Guerre mondiale – à travers le témoignage passionnant de Benjamin Murmelstein. Dommage que quelques longueurs pourtant évitables s’immiscent à plusieurs reprises.
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Lanzmann ajoute un nouveau chapitre indispensable à "Shoah" avec cette réhabilitation de l'ancien président du conseil juif de Theresienstadt. Les paroles, parfois ironiques, de Benjamin Murmelstein, interrogé en 1975, alternent avec de longues séquences contemporaines, au cours desquelles Lanzmann se met en scène avec gravité sur les lieux de la barbarie nazie. Poignant.
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Enrichi de séquences tournées “in situ” en 2012, ce fascinant témoignage se mue en document historique hors pair.
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Un bémol : autant Lanzmann avait su s'effacer dans "Shoah" autant il se met en scène ici (...) jugeant parfois (...)
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"Le Dernier des injustes" redonne un sens au monde.
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Par delà la force de son propos, c’est une vie consacrée à la mémoire que révèle ce nouveau film.
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Les méandres d’une tragédie historique dans laquelle il semble ne plus y avoir de place que pour des actes ambigus.
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Malgré de belles idées de cinéma, les scènes "contemporaines" à Theresienstadt tranchent avec la vivacité et la puissance des échanges entre le cinéaste et son témoin, décédé avant la reprise du tournage. Un documentaire essentiel, pour autant.
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Entre évocation et imprécation, une réflexion passionnée sur la responsabilité individuelle.
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Lanzmann rend publique la parole de cet unique survivant des trois «doyens des Juifs», ces responsables des grands ghettos, nommés à la demande des Allemands. Si le personnage reste ambigu, son témoignage sur les conditions de vie et de mort au camp de Theresienstadt reste essentiel et bouleversant. Amputé d’une bonne demi-heure, ce documentaire de 3 h 40 aurait été encore plus percutant.
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Le film constitue un document aussi extraordinaire par son contenu que troublant par certains de ses aspects, mais une forme de raideur dogmatique l’empêche d’aller au bout du "problème Murmelstein".
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Une temporalité complèxe assigne [au film] une tension à la fois historique et romanesque, en donnant à voir deux Lanzmann. (...) Néanmoins, quelque chose cloche avec [le second Lanzmann]. A le voir et à l'écouter, une irritation nous saisit, qui oblige à nuancer le respect dû au film.
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Le cinéaste insiste sur le fait que mener des entretiens très longs permet d’épuiser le témoin jusqu’à le mettre en condition de faire certaines révélations et d’accéder à une forme de sincérité dans son récit. À l’autre bout de la chaîne, il est donc demandé au spectateur de prendre lui aussi le temps d’écouter.
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Dans Le dernier des injustes, on suit, de manière captivante, comment les nazis ont progressivement élaboré la solution finale. On est témoin des tourments d'un homme pris entre son sens des responsabilités et son désir de vivre, et sur lequel on a jeté l'opprobre. Le cinéaste aborde ainsi la crise de conscience terrible d'un survivant. Comme d'habitude avec Lanzmann, la durée participe à la force du voyage et ne devrait pas effrayer les spectateurs désireux de mieux comprendre la Shoah.