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Vous avez peut-être déjà croisé sa jolie frimousse et son regard revêche dans un film de perruques et de corsets sur la place des femmes dans l’Histoire (Royal Affair, Anna Karenine). S’il n’y avait que les rôles en costumes, on s’y retrouverait encore. Mais la suédoise Alicia Vikander est partout. En robot sexy tourmenté dans Ex-Machina (sa plus belle performance), en Bond Girl rétro-cool dans des Agents très spéciaux, en épouse trompée dans The Danish Girl, dans le prochain Jason Bourne etc… Et dans les bras de Michael Fassbender, qu’elle présente enfin comme son boyfriend officiel après des rumeurs d’intense camaraderie sur le tournage d’Une vie entre deux océans, le nouveau Derek Ciafrance. Elle est à l’affiche de Mémoires de jeunesse, un mélo Qualité British sur l’éducation d’une jeune fille pendant la première guerre (en costumes, what else), tourné il y a deux ans et adapté des écrits vérité de Vera Brittain, une icône du féminisme en Angleterre. Vikander, 26 ans, a grandi dans l’industrie, devenant l’objet d’une terrible bataille d’enchères entre directeurs de castings avant même que le public n’apprenne à dire son nom. Elle apporte toutes sortes de pistes intéressantes (certaines évidentes, d’autres moins) à quiconque se poserait la question : ‘Pourquoi voit-on toujours les mêmes têtes au cinéma ?’.>> Le Petit cochon : Alicia Vikander en full frontal dans Ex-Machina">>>> Le Petit cochon : Alicia Vikander en full frontal dans Ex-MachinaAlicia, vous nous aviez donné l’une de vos premières interviews sur le tournage d’Agents très spéciaux il y a deux ans. Vous êtes une experte, aujourd’hui ?Je n’ai pas eu le choix, oui. Mais l’exercice promo est toujours un peu intimidant pour moi. C’est tellement différent du « vrai » travail qui consiste à faire des films. Mon anglais s’améliore, c’est une bonne chose. Mémoires de jeunesse commence à dater. C’est encore frais dans votre tête ?J’en parlais en janvier dernier avec la presse anglaise, et depuis j’ai fait la promo de trois autres films. Mémoires, en particulier, est cher à mon cœur. J’étais inquiète, ce matin, en m’habillant, parce que j’ai toujours la tête dans The Danish Girl, que je viens de présenter à Venise. J’ai eu peur d’oublier ce que je devais dire. « Mince, de quel rôle s’agit-il déjà ? » (Rires). Mais ça m’est revenu en un instant. Votre esprit se charge de compartimenter à votre place.Vera Brittain est une icône de la culture anglaise. Et les Anglais ne plaisantent pas avec ça…  Ayant grandi en Suède, je ne connaissais pas ses mémoires. J’ai été dévastée par ce qu’elle raconte de la guerre, vue de l’intérieur. Une icône, oui, du pacifisme, de l’engagement féministe. C'est une grande responsabilité de faire le portrait de quelqu’un qui a vécu. Il n’y a pas si longtemps en plus ; les amis et la famille de Verra sont toujours vivants, et l’important était qu’ils puissent la reconnaître dans l’hommage qu’on lui rend. Shirley Williams, sa fille, m’a invité à prendre le thé à la Chambre des Lords, à Londres. Je n’en menais pas large. Je suis rentrée dans la pièce et elle me dit : « Êtes-vous la Suédoise qui allez jouer ma mère ? ». Elle avait peur que le film devienne, selon ses propres mots, « une guimauve hollywoodienne romantique sur l’histoire d’amour entre Vera et Roman » (Kit Harington, ndr). Mais on voulait respecter le voyage littéraire de Vera, sa quête éperdue pour trouver son style et sa voix…Le public ne vous connaît pas encore. Le fait de grandir ces trois dernières années dans l’industrie vous en a « protégée »Oui. C’est pourquoi cette année est un peu angoissante. C’est la première fois, vraiment, que je mets le nez dehors après trois ans de travail continu. J’admire les acteurs qui parviennent à rester secrets. Ces artistes dont je ne sais rien qui se transforment à loisir et me racontent toutes sortes d’histoires différentes. Je suis jalouse de ce mystère qui émane de certains grands acteurs, comme Daniel Day Lewis par exemple…Matthias Schoenaerts, que vous croisez dans The Danish Girl, nous disait récemment vouloir ralentir : ‘Cette industrie te fait bosser et te vide, jusqu’à ce que quelqu’un d’autre prenne ta place. C’est flippant. Tu t’épuises sans t’en rendre compte’… Qu’en pensez-vous ?Il a raison. Et j’ajouterais qu’il faut un bon système de soutien autour de soi. Mes amis, ma famille, mes partenaires de jeu… Heureusement qu’ils sont là. J’ai eu mon premier break en quatre ans cet été. Je n’ai pas mis les pieds sur un plateau de cinéma depuis mai dernier, ce qui est une sorte d’évènement. Et je ne commence mes scènes pour le nouveau Bourne qu’en octobre. Toutes ces propositions qui me tombent dessus sont bien trop tentantes. Mais à un moment ou un autre, oui, il faudra bien ralentir. Interview Benjamin Rozovas Mémoires de jeunesse de James Kent avec Alicia Vikander, Kit Harington, Taron Egerton est déjà en salles.