Des scènes du prochain Disney ont été présentées en avant-première.
En 2012, Les Mondes de Ralph assumait pleinement son statut de film Disney intermédiaire plutôt sympathique, mais complètement inoffensif. Six ans plus tard, le réalisateur Rich Moore (accompagné cette fois par Phil Johnston) remet le couvert pour une suite sobrement intitulée Ralph 2.0, beaucoup plus alléchante et drôle que ce qu’on imaginait après la bande-annonce. Dans une longue présentation au festival d’animation d’Annecy 2018, Kira Lehtomaki et Josie Trinidad - respectivement responsables de l’animation et du scénario - ont dévoilé plusieurs extraits du film, qui propulsera cette fois les héros dans Internet. Le volant de la borne d’arcade de Vanellope étant cassé, il va lui falloir acheter sur eBay le dernier exemplaire disponible, sous peine de voir son jeu partir à la poubelle. Ralph son amie vont alors devoir passer dans le monde du net, sorte de ville immense remplie de bâtiments (les serveurs) et de routes (la fibre optique), peuplée par les Net Citizens (les personnages qui font tourner Internet) : un archiviste sert de moteur de recherche, le GPS est un passager de la voiture qui lit la carte en temps réel, un serveur représente l’application Yelp…
Les Net Users (les humains qui surfent sur le web) ont quant à eux des airs d’avatars Nintendo, dont l’animation des déplacements imite le mouvement d’une souris. Leur tête se dirige dans un sens suite à un clic, et le corps suit comme un pantin. Kira Lehtomaki confie à Première qu’il « y a eu peut-être cinquante tests d'animation. Sur l’un d’eux, on voyait carrément le pointeur de le curseur de la souris cliquer sur les gens pour les transporter à l'endroit désiré. On a testé plein de trucs fous avant d'en arriver là ».
Pas de politique
Dans une scène, Ralph et Vanellope réussissent à mettre la main sur le volant tant convoité chez eBay, mais ne comprennent pas le système d’enchères et proposent un prix délirant. Une fois à la caisse - littéralement : une caissière leur demande leur carte de crédit -, ils réalisent qu’ils n’ont pas l’argent nécessaire. C’est alors qu’un nouveau personnage, Yesss, l’algorithme du site BuzzTube, leur propose de devenir des stars d’Internet en produisant des vidéos à succès. Cette logique interne absurde et résolument jusqu’au-boutiste a été inspirée au départ par la carte mère des ordinateurs : « Moore et Johnston ont réalisé que ça ressemblait à une petite ville », explique Josie Trinidad. « Puis il y a eu des concept arts et chaque idée donnait naissance à une autre. Jusqu’à en arriver à cette représentation physique d’Internet ».
Chaque site majeur a son propre building « physique » : Amazon, Snapchat, Google, Facebook… Une déferlante de marques en forme de placement de produit géant, que Ralph 2.0 semble réussir à intégrer plutôt astucieusement, mais qui le prive d’office de tout message politique sur les géants du web. Interrogée sur le sujet, Trinidad botte en touche : « Au début du développement, on s'est demandé pourquoi on faisait ce film, c’était la grosse interrogation des réalisateurs. Fallait-il aller vers quelque chose comme Zootopie, avec un grand message ? On se disait notamment que les gens vivent dans des bulles avec Internet. Dans une version du scénario, Vanellope succombait par exemple. aux réseaux sociaux. Mais plus le script avançait, plus on se recentrait sur l'histoire de Ralph et Vanellope. En fait, ce sont deux amis d’un petit village qui se rendent à la grande ville. L'un des deux adore ça, l'autre voudrait retourner chez lui. Est-ce que leur amitié va survivre à ça ? » On repassera pour la charge contre le monopole des Gafa.
« Ce sont des légendes »
Avant de quitter la scène, Lehtomaki et Trinidad avaient une petite bombe à lâcher : l’intégralité d’une scène à crever de rire, aperçue dans la bande-annonce, où Vanellope utilise une faille dans le site Oh My Disney pour se rendre dans une pièce qui regroupe à peu tout ce que la firme compte de princesses. Disney y pratique l’autodérision (fait rare) juste ce qu’il faut et en profite pour rendre hommage à ses personnages iconiques, dont certains passent pour l’occasion du dessin à la main à la 3D : « Le poids de cette tâche était énorme », assure Lehtomaki. « Ce sont des légendes, il ne fallait pas se louper. On a parlé à tous les doubleurs et animateurs originaux quand c'était encore possible. D’ailleurs, la plupart des voix sont celles d’origine. Et on a été bien aidés par Don Hahn, qui a notamment créé Ariel et Belle et a supervisé cette scène. Il fallait que tous leurs gestes soient authentiques. Passer de la 2D à la 3D, c'était un vrai challenge. Prenez La Belle aux bois dormant : sa mèche est une sorte de cinnamon bun (NDLR : un roulé à la cannelle). Sauf que ça ne marche pas avec de vrais cheveux ! Il a parfois fallu qu’on triche un peu avec la 3D, tout en respectant ce qu’elles sont ».
Ralph 2.0, dans les salles françaises le 23 janvier 2019.
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