Dans un projet comme La Stratégie Ender, qu’est ce qui est déterminant : votre rôle ou le film ?Clairement le rôle. Je ne connaissais pas le livre et quand j’ai découvert le script, j’ai aimé ce personnage. Le colonel Graff incarne des enjeux moraux passionnants - la responsabilité, la nature de l’autorité, le rapport entre les différentes générations, l’éducation… Et après avoir rencontré Gavin Hood, j’ai compris qu’il voulait faire un film utile aux jeunes. En tout cas, un film qui les amène à se poser des questions. Franchement, c’est tout ce qui comptait.Graff me rappelle un peu Jack RyanIl va falloir que tu m’expliques.Au début il apparaît comme un personnage positif, censé sauver la planète, mais il se révèle très vite plein d’ambiguïtésJe vois… Et ce n’est pas faux. Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc. Et c’est ce que j’aime jouer. Il n’y a rien de plus ennuyeux que les personnages monolithiques, sans aspérités. Pour moi, Ryan n’était pas un chevalier blanc. C’était un type qui se réfugiait derrière son bureau mais donnait des ordres aux conséquences fatales. Graff est en mission, il n’a qu’un but, sauver la planète. Et à côté, le reste n’est qu’accessoire.Même la morale ?Ah ah ! Je laisse les gens découvrir le film…Ce qui rapproche également ces deux rôles, c’est le patriotisme…Ce n’est pas vraiment comparable. Graff et l’armée doivent sauver la terre. Ils ne sont pas en guerre contre une autre nation. S’il y a patriotisme, il est un peu différent de celui qu’on a l’habitude de voir parce que l’histoire se situe dans un contexte géopolitique décalé.Ce qui a changé aussi, ce sont les effets spéciaux. Depuis Star Wars ou Blade Runner, les tournages ont complètement changé. L’adaptation a été difficile ?J’ai l’impression d’être très vieux quand on me pose cette question…Pardon. Mais c’est quand même votre grand retour à la SF.Oui. Oui… C’est vrai que, à l’époque de Star Wars, deux maquettes bricolées, une bonne musique et on était dans l’espace. Aujourd’hui, les effets spéciaux sont impressionnants. Mais bon, il ne faut pas se raconter d’histoires : tu enfiles un harnais, on fait quelques trous dans ton costume et on t’attache à des fils. Je ne suis pas sûr que ça change quoi que ce soit à l’expérience du jeu pour l’acteur. Le danger, à mon avis, c’est que toutes ces prouesses visuelles fassent perdre de vue l’essentiel : l’aspect humain des scénarios. C’est ça qui nous connecte émotionnellement aux spectateurs. Et c’est toujours comme ça que j’ai envisagé mon métier : utiliser mon personnage, mon rôle pour nourrir l’histoire.Interview Gaël GolhenRetrouvez l'interview carrière d'Harrison Ford dans le prochain numéro de Première, dès mercredi dans les kiosques.La Stratégie Ender de Gavin Hood, avec Harrison Ford, Asa Butterfield, Hailee Steinfeld, en salles le 6 novembre :
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