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Surnommé « l’homme qui change de costume comme l’éclair », l’artiste italien s’installe à nouveau à Paris pour 29 représentations exceptionnelles. De quoi illuminer les fêtes.Propos recueillis par M-C. NivièreContent de revenir à Paris ?Fou de joie même, car Paris a changé ma vie. J’étais connu en Italie, à Montréal, mais c’est ici que ma carrière a explosé. Et puis, me retrouver au Folies Bergère, ce temple du music-hall, ce magnifique théâtre, c’est au-delà de mes rêves.Vous avez débuté votre carrière au Paradis Latin… Un sacré parcours.J’avais 18-20 ans. C’était en 1979. Je suis arrivé à Paris grâce à Gérard Majax qui m’avait vu dans un concours de jeunes magiciens. C’est lui qui m’a présenté à Jean-Marie Rivière. J’ai passé une audition. Je faisais six personnages. Jean-Marie a changé la musique, le décor, donné une mise en scène noble à ce que je faisais. C’était des tableaux surréalistes. A l’époque, le Paradis m’a pris, non pas parce que j’étais le meilleur, mais parce que j’étais le seul à faire cela. Beaucoup d’artistes, comme Maurice Béjart, venaient voir mon numéro. Ils n’en revenaient pas et ils me disaient que jamais ils n’avaient vu pareil Frégoli !Comme votre inspiration vient du cinéma, votre spectacle est universel.Le cinéma, c’est plein d’effets ! Cela permet d’aborder de nombreux personnages, de trouver des gags. Je peux ainsi englober de vieux numéros dans de nouvelles créations, comme Zorro, Cruella, Gladiator, Mary Poppins, Golum…Vous célébrez plus que jamais le 7e art…A travers ce spectacle de variétés, j’exprime mon approche du monde du cinéma. Je raconte ma première émotion cinématographique. J’avais 5 ans. Mon père était ouvrier et il avait reçu des tickets pour aller au cinéma. On y est allés en famille mais le film était dur, parlant de la Seconde Guerre mondiale, des nazis… J’étais en larmes. On est partis très vite. Les images du film m’ont traumatisé longtemps. Ensuite je raconte le cinéma à la télé. Celui que l’on regarde quand on est malade… Avec Zorro, les Mousquetaires… Il y a aussi le cinéma d’horreur, un hommage à ce comédien génial, Lon Chaney (Quasimodo), qu’on surnommait « l’homme aux mille visages ». Et puis arrive le grand tableau sur Hollywood… C’est un grand zapping ironique et poétique.Fellini a dit « Il ne faut pas devenir grand »…Il faut devenir sage dans la vie, vieux dans la tête et jeune dans le cœur. A 53 ans, j’ai admis être atteint du syndrome de Peter Pan. Mon psy m’a assuré que pour moi, cela n’était pas un problème… En tout cas, même si je suis désorganisé dans la vie, si comme un enfant j’essaye de ne pas voir les problèmes, cela permet de rester curieux.Sans vous demander de révéler vos « trucs », comment faites-vous ? Cela demande beaucoup d’entraînement physique et une vie très saine, comme un missionnaire du fantastique ! Quand j’arrive dans un théâtre, la première chose que je demande, c’est s’il y a de l’air ! Car 2h de cavalcade sans air, ce n’est pas possible. C’est pire qu’une séance d’aérobic… Mais c’est un tel plaisir que je ne sens pas la fatigue. Quant au régime, strict et triste, c’est parce que mes 65 kilos me font vivre et font vivre toute une équipe. Je me dois d’entretenir la voiture qui gagne !L’équipe est importante dans un tel spectacle.Parfois je me sens comme dans une équipe de football. Je suis le goal et tout le monde me passe le ballon. Je ne pourrais jamais être tout seul.Vos costumes sont magnifiques…Je fais les croquis du costume pour la mécanique. Puis ils sont réalisés à Montréal, chez François Barbeau, grand artiste, qui fait aussi ceux du Cirque du Soleil. C’est une belle équipe qui connaît mes besoins. Ils peuvent coûter très cher, car pour certains, une ouvrière va travailler dessus plus d’un mois… Et tout cela juste pour un effet de quelques secondes. Il y aura des surprises ?A Paris, je vais essayer d’expérimenter des choses. Comme d’arriver pratiquement nu et m’habiller en quatre secondes. Au-delà de la prouesse technique, je montre ainsi que je suis le meilleur… Aujourd’hui, d’autres font ce que je fais. Mais aucun n’utilise la transformation pour faire passer de l’émotion.Arturo Brachetti aux Folies Bergères