Ca n'a jamais été un secret, Luc Besson est, comme des milliers d'autres réalisateurs, fan de John Carpenter, et particulièrement de ses oeuvres séminales. "(Snake Plissken) est une icône qui continue à fasciner" écrivions nous en 2013, "et à exercer sur le cinéma d'action contemporain (Les Banlieue 13, Lock Out, Nikita - Luc Besson est un immense fan), ou les jeux vidéos (Metal Gear Solid et son Solid Snake) une rare influence.">> Lire : L'histoire secrète de Snake Plissken ">>>> Lire : L'histoire secrète de Snake Plissken Si l’on condamne Besson pour plagiat comme vient de le faire le tribunal de grande instance de Paris, pourquoi ne pas inquiéter les auteurs du jeu Metal Gear Solid dans lequel les similitudes avec New York 1997 sont bien plus évidentes, jusqu’au nom du personnage. Si le jugement est confirmé, qui pour poursuivre Carpenter en justice pour Assaut, son remake a peine déguisé de Rio Bravo de Howard Hawks ? Qui pour attaquer Quentin Tarantino pour Reservoir Dogs, remake avoué de City on Fire the Ringo Lam ? Les producteurs des Rambo vont-ils rétroactivement poursuivre tous les pseudo remakes bis italiens et philippins du film original ? Et pourquoi Tsui Hark ne poursuivrait pas en justice tous les auteurs de films en costumes mettant en scène des nymphes fantômes sortis après Histoires de Fantômes Chinois ? George Romero va-t-il poursuivre en justice tous les auteurs récents de films de zombies ?Influencer n’est pas plagierLock Out, n'est pas, en vérité, un plagiat de New York 1997 (pas plus que les autres productions Besson citées plus haut), même s'il s'en inspire. S'il faut chercher une quelconque influence, on la trouve dans le script du remake de New York 1997, de Jonathan Mostow, non produit par la Warner en 2007. "Datée du 3 novembre 2007, la version (du scénario) de Mostow est encore moins bonne." écrivions nous, toujours en 2013. "Si le premier script conservait un certain état d'esprit anarchiste inhérent à Plissken et son univers, Mostow le castre littéralement, en faisant du président une présidente, non pas pleutre et fascisante comme Donald Pleasance dans l'original, mais libérale démocrate, ne pensant qu'a "restaurer les libertés civiles" et collée à Snake tout au long du film. Si cette idée vous semble familière, c'est normal : elle est la base de l'hommage à New York 1997, Lock Out, produit par Besson et sorti en 2012 avec Guy Pearce."Même si elle donne souvent lieu à des mouvements entre avocats (et des contreparties échangées en dehors du cadre de la justice) et est aussi enracinée dans l'industrie, cette pratique est loin d'être nouvelle. On se souvient du combat Deep Impact vs Armageddon, tous deux entièrement rippés du script non produit de James Cameron et Peter Hyams Bright Angel Falling. Les scripts circulent, les idées aussi. La création n'existe pas dans le vide. Elle existe, depuis l'éternité, dans un contexte de reproduction de ce que l'auteur voit autour de lui : son époque, ses livres, et aussi ses films.Ce jugement envers Besson et EuropaCorp est purement symbolique. La somme réclamée est faible et ne saurait en aucun cas être en mesure de réparer financièrement un préjudice s'il était réellement subi. Mais s’il est confirmé en appel, sa jurisprudence pourrait avoir des répercussions catastrophiques en condamnant l'industrie du monde entier à devenir une arène de règlements de comptes où il ne sera plus possible de créer librement sans que les scénarios soient passés au peigne fin par des armées d'avocats, jusqu'à ce que tout ce qui peut ressembler à quoi que ce soit produit avant soit supprimé. C'est à dire jusqu'à ce qu'il ne reste absolument plus rien.David Fakrikian
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Luc Besson a-t-il réellement plagié John Carpenter ?
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