Zarafa
Pathé

Rémi Bezançon vient de sortir Zarafa, un dessin animé suivant la girafe éponyme, offerte par le Pacha d’Egypte au roi de France Charles X. Un jeune égyptien, Maki, entend bien ramener son amie à long cou sur sa terre natale. Première avait bien apprécié le film, à sa sortie, en 2012.

Commençons cette critique par des réponses aux deux questions que vous vous posez. Primo : Rémi Bezançon n’est pas un surhomme. Si Zarafa sort quatre mois après Un heureux événement, c’est parce que la longue fabrication d’un film d’animation lui a permis de tourner sa comédie sur la grossesse en parallèle. Deuxio : en dépit des apparences, Zarafa s’inscrit avec cohérence dans sa filmographie. Car, que raconte Bezançon depuis Ma vie en l’air ? 1. Des histoires d’adultes qui ne veulent pas grandir. 2. Des sagas familiales entachées de conflits. 3. Des récits initiatiques qui empruntent des chemins sinueux.

Maki est ainsi un orphelin devenu trop tôt mature, qui se trouve un père de substitution en la personne de l’insaisissable Hassan. La continuité thématique est assurée (ainsi que l’émotion), Bezançon et Jean-Christophe Lie ajoutant, sans excès, la touche exotico-pédagogique propre aux contes. La majesté des paysages en Scope, l’animation stylisée qui confère une vraie identité visuelle... À voir Zarafa, on se dit que la 2D a encore de beaux jours devant elle. On pense souvent à Ocelot (qui a "confisqué" l’imagerie africaine avec Kirikou) mais aussi à Sylvain Chomet par moments, les silhouettes longilignes et dégingandées de Louis X et des gens de sa cour distillant par exemple un humour plus adulte, qui symbolise l’équilibre trouvé entre le conte et la satire.