Avignon
Nolita Cinema Marine Danaux

Immense succès à l'applaudimètre, Avignon (de et avec Johann Dionnet) réunit notamment Baptiste Lecaplain et Alison Wheeler dans une comédie romantique parfaitement tordante.

Stéphane (Baptiste Lecaplain) et sa troupe débarquent au festival d’Avignon pour jouer Ma sœur s’incruste, pure pièce de boulevard. Mais il croise par hasard Fanny (Elisa Erka, belle découverte), une comédienne montante qui joue dans un classique, et dont le charme ne le laisse pas indifférent. Un malentendu va laisser croire à la jeune femme que Stéphane est l’interprète de Rodrigue, le rôle principal du Cid de Corneille. Pour essayer de la séduire, il va s'enfoncer dans un mensonge intenable le temps du festival...

Les pièces de boulevard sont-elles réservées aux acteurs incapables de jouer de grands textes ? Le théâtre subventionné est-il la chasse gardée de comédiens snobs au melon démesuré ? Et peut-on vraiment passer de l'un à l'autre ? Sujet un peu nombriliste que Johann Dionnet (aussi bon devant que derrière la caméra) a l'intuition géniale de transformer en rom com universelle, grâce à un angle qui parlera à tout le monde : la peur du regard des autres. Ca pourrait sembler un peu neuneu dit comme ça, mais le film sent le vécu et transpire la sincérité, jusque dans l'incarnation de sa galerie de personnages secondaires (les excellents Alison Wheeler, Lyes Salem, Rudy Milstein...) finement écrits et toujours surprenants. Tout va très vite, le script malin et à l'os refusant les scènes de transition que certains réalisateurs et scénaristes considéreraient comme essentielles.

Avignon est surtout constamment hilarant - en témoigne le fou rire incontrôlable et sonore de bien trois minutes qu'une dame s'est payée durant la projection - mais jamais gratuitement. Chaque vanne ou punchline est là pour donner du rythme bien sûr, mais aussi pour caractériser ou faire avancer un membre de la troupe. Dionnet parvient par ailleurs à jouer avec le cadre sublime que lui offre Avignon pour faire pousser plein de petites idées de cinéma qui, ajoutées les unes aux autres, finissent par donner au projet une envergure visuelle inattendue.

Applaudi comme peu de films le sont à l'Alpe d'Huez (voilà qui sent bon le prix du public), Avignon est un coup de cœur, un vrai, notre deuxième après L'Amour c'est surcoté de Mourad Winter. Rendez-vous samedi soir au palmarès ?

Avignon n'a pas encore de date de sortie.