Kieran Culkin se prend une claque dans le premier teaser de A Real Pain
Fruit Tree/Searchlight

"Même pas Succession", rigole l'acteur, qui avoue avoir "fait flipper" son partenaire de jeu et réalisateur avec sa méthode de jeu.

En recevant le BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle à la place de Kieran Culkin, il y a quelques jours, Jesse Eisenberg a bien fait rire le public en rappelant que cette absence était logique pour "quelqu'un qui a voulu abandonner A Real Pain juste avant son tournage." Une petite pique en référence à une anecdote déjà racontée par Emma Stone, la productrice de ce drame suivant deux cousins que tout oppose qui partent en voyage en Pologne, pour honorer la mémoire de leur grand-mère, décédée depuis peu. Quand elle a vu Kieran prendre peur alors qu'il s'était engagé, elle a réussi à le convaincre de revenir en utilisant sa propre expérience d'actrice, et l'équipe ne le regrette pas : aujourd'hui Culkin est nommé partout pour ce film, notamment à l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Face à son "frère" de Succession, d'ailleurs ! Gagnera-t-il ce dimanche ?

Jesse Eisenberg : "Emma Stone, je ne la vois pas comme ma productrice, c'est ma bonne fée"

Jesse raconte à USA Today comment il a eu l'idée de ce film, qui sort un peu plus de deux ans après son premier, When You Finish Saving the World. Il en profite pour confirmer sa méthode de casting, dévoilée quelque temps plus tôt par Kieran Culkin, qui était hilare en racontant au comédien Colman Domingo qu'Eisenberg l'avait choisi sans rien connaître de son travail, pas même la série familiale qui a tant cartonné et lui a offert de multiples récompenses.

"J'avais une excellente ouverture et une excellente conclusion pour ce film, mais rien entre les deux, commence Jesse Eisenberg. On peut dire que ça ne se passait pas très bien. J'ai vu une publicité pour une visite d'un camp, un 'tour' organisé en mémoire des victimes de l'Holocauste, mais qui précisait 'avec déjeuner'. C'est là que j'ai eu le déclic, c'était tellement bizarre."

"Une partie du film vient de pensées que j'avais à chaque fois que je voyageais,
poursuit Eisenberg, évoquant un thème qui se joue dans le film. Cette idée qu'on mesure tous la chance qu'on a quand on fait ce genre de visite, mais personne ne semble vouloir en parler. Doit-on se priver de dîner après avoir découvert Auschwitz parce que les gens déportés là-bas étaient affamés ? C'est le genre de question qu'on retrouve dans le film. Avec A Real Pain, je souhaitais raconter une histoire sur de grands thèmes, mais qui ne paraitraient ni académiques ni prétentieux, avec des personnages qui ne soient ni des héros ni des victimes."

A real pain
Topic Studios

Eisenberg est évidemment parfait en jeune homme mal à l'aise, plein de tocs contre lesquels il doit lui-même lutter dans la vraie vie, et Culkin est encore plus bluffant, à la fois contagieusement amical (tous ceux qui croisent sa route l'apprécient instantanément), mais qui cache une noirceur certaine, et ne peut s'empêcher d'être souvent inutilement provocateur.

"J'ai été les deux personnes, explique le scénariste et réalisateur d'A Real Pain. Mon personnage peut sembler plus similaire à moi, timide et conscient de lui-même, mais la réalité est que je suis un artiste avec une vie intérieure sombre, et que ça, je me retrouve à l'imposer aux autres."
 

C'est là qu'il raconte qu'il n'était "absolument pas familier" avec le travail de Culkin :

"C'est ma sœur qui a vu la scène que j'ai écrite où Benji essaie de faire poser tout le monde dans le groupe de visite avec des statues géantes. Elle m'a dit : 'Kieran Culkin serait parfait pour ça.' Je ne connaissais pas son travail d'acteur, mais je savais que le dramaturge Kenneth Lonergan (aussi réalisateur de Manchester By the Sea, entre autres) l'avait choisi pour deux pièces, et ça, pour moi, c'est la plus haute validation possible."

A Real Pain - Jesse Eisenberg : « Kieran Culkin n'est pas un acteur normal » [interview]

Raconté par Kieran Culkin, ce casting est tout aussi étonnant. Expliquant lors d'une interview organisée par Variety "adorer les auditions, parce qu'elles empêchent de s'ennuyer et de devenir complaisant", il a détaillé à Colman Domingo (qui a lui marqué le public cette année grâce à Sing Sing) :

"Chaque fois que je ne passe pas de casting, je ne peux pas m'empêcher de me dire que ça pourrait coincer. Je culpabilise d'être là parce qu'un producteur aurait dit : 'Tu dois donner ce rôle à ce gars.' Alors que si j'ai auditionné, je pars du principe que le réalisateur saura à quoi s'attendre. Par exemple, pour A Real Pain, Jesse Eisenberg n'avait pas vu Succession. Il m'a engagé sans me tester, ni me voir dans quoi que ce soit. Jamais. Et il cela tout à fait normal. Il me disait : "Je t'ai déjà rencontré.", alors qu'en réalité, nous nous sommes croisés deux fois en coup de vent. Ce n'est pas comme ça qu'on choisit quelqu'un !"

Voyant Colman prendre la défense de Jesse ("Je t'ai déjà croisé et moi aussi j'ai pensé que je t'avais capté tout de suite. Ça doit être dans la façon dont tu établis le contact visuel ?"), il ajoute à propos de son personnage, qu'il a finalement adoré interpréter :

"Benji, je ne pense pas qu'il réfléchisse du tout avant de faire quoi que ce soit. Donc, sur ce film, j'ai décidé de ne pas planifier. Je me rendais littéralement sur le plateau en posant des tas de questions à Jesse, je lui demandais quelle scène nous allions tourner, ce qui lui donnait à coup sûr une crise de panique. Il me répondait : 'Mais enfin, tu as un discours d'une page entière !', et je lui sortais : 'Oh, tu sais, j'apprends les répliques vite. (rires) Allez, on va découvrir de quoi parle cette scène en la jouant...'"

A Real Pain vient de sortir au cinéma. Voici sa bande-annonce :


A real pain: Jesse Eisenberg- Kieran Culkin, duo majeur [critique]