En attendant le troisième film, John Wick revient ce soir sur C8.
Alors que John Wick Parabellum sortira le 22 mai, C8 rediffuse le premier opus, sur les écrans en 2014 au cinéma. Une grosse claque, pour Première. Voici notre critique publiée à l'époque.
Le trailer de John Wick Parabellum prépare la guerreRécemment, le standard de qualité des films d’action a atteint un tel degré de médiocrité qu’il a fallu se résigner à relativiser par le bas. Dans ce contexte, John Wick est une divine surprise qui tout d’un coup remonte le curseur si haut qu’on peut hasarder l’impensable : en terme de pure excitation, il rappelle l’intensité qu’on pouvait trouver dans les films d’action hong-kongais des années 90. Pas moins.
Ca percute comme rarement
Pourtant, ça n’est pas évident au départ : Keanu Reeves joue un homme très triste parce qu’il vient de perdre sa femme, laquelle lui a laissé en souvenir un jeune chien. Mais voilà que le fils débile d’un mafieux russe lui vole sa voiture et tue son chien. Il ne fallait pas : John Wick se révèle un ancien tueur qui avait pris sa retraite. Fou de rage, il déterre ses armes et entre en guerre contre la mafia russe. Et là, ça percute comme on ne l’avait pas vu depuis longtemps.Mais qui donc est responsable de ce thriller rutilant que personne n’attendait ? En fait, ils sont deux derrière la caméra et viennent naturellement des arts martiaux. Le premier (David Leitch) a commencé comme cascadeur avant d’être réalisateur de seconde équipe. Son CV parle pour lui : In Hell, Jumper, Speed Racer, Very Bad Trip, Jason Bourne, Tron, Parker. Le second, Chad Stahelski, est lui aussi un ancien cascadeur spécialiste du kickboxing. Il a commencé en doublant Brandon Lee dans The Crow, avant de faire connaissance avec Keanu Reeves sur Matrix qu’il a suivi régulièrement par la suite. Grâce et brutalitéPour John Wick, ils ont mis au point une mise en scène purement illustrative qui met en valeur le mouvement avec un sens impeccable de l’espace et du tempo. Pour comparer avec le récent Equalizer d’Antoine Fuqua, Keanu Reeves n’est pas Denzel Washington. Depuis longtemps, Denzel a limité ses scènes d’action à deux activités : se lever de sa chaise et marcher à pied. C’est pourquoi les scénaristes d’Equalizer ont imaginé faire de lui quelqu’un de si rapide qu’on ne peut pas voir ses mouvements à l’oeil nu. Donc, pas besoin d’élaborer des scènes compliquées, il suffit de filmer le début, et le résultat : Denzel entre dans une pièce, il regarde intensément partout, et la seconde d’après, tout le monde est mort. C’est ce qu’on appelle une ellipse.L’intérêt avec Keanu Reeves, c’est qu’il n’a pas besoin de faire semblant. Il a encore les capacités athlétiques pour faire ses propres cascades de façon crédible. Et celles que lui ont confiées les réalisateurs conjuguent dynamisme et esthétique. Il y a même quelque chose de musical dans leur choix de refuser un rythme binaire (action-réaction), pour privilégier des combats en trois temps : d’abord Wick/Reeves prend contact avec son assaillant, ensuite, il le neutralise en détournant son arme ou son mouvement, et enfin, il l’exécute. Le tout est fait avec un mélange de grâce et de brutalité. Avec style aussi : quoiqu’il fasse, Wick porte un costard noir et une chemise blanche qu’il remplace au moindre accroc ou à la moindre éclaboussure, et il y en a beaucoup.
Splendide tableau d'un monde parallèle
Mais il n’y a pas que de l’action. Un des très bonnes surprises de ce scénario faussement bas du front offre un splendide tableau d’un monde parallèle. A la suite de Wick, on découvre l’existence d’une sorte de société criminelle secrète, qui offre à ses adhérents les services d’un club sophistiqué dont le siège réside à l’hôtel Continental. Là, un concierge stylé et affable peut offrir sur demande et en toute discrétion une quantité de prestations spécialisées : par exemple, un chirurgien qui recoud toutes sortes de blessures sans poser de questions. Evidemment, on paie cash dans une monnaie en or spécialement adaptée au club, mais on a droit à une assurance qui remplace votre véhicule abîmé après une poursuite ou une fusillade. Il y a aussi un code d’honneur qui punit les traîtres à la confrérie.Keanu Reeves ne fait peut-être que jouer quelqu’un qui se venge parce qu’on a tué son chien, mais John Wick est quand même son meilleur film depuis Matrix.
Gérard Delorme
John Wick de David Leitch et Chad Stahelski avec Keanu Reeves, Michael Nyqvist, Adrianne Palicki et Willem Dafoe revient à 21h sur C8. Bande-annonce :
Honest Trailer de John Wick : "Sans doute le meilleur des 8 films où Keanu Reeves s'appelle John"
Commentaires