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Jessica Kourkounis / Jessica Kourkounis / _JK16644.ARW

Ce petit monstre de Frankenstein superhéroïque est de loin le pire film du « Spider-Verse » en live action.

Le vendredi, c'est soirée blockbusters sur Canal+. Mauvaise pioche, cette semaine, avec la première diffusion de Madame Web, de S.J. Clarkson. Un film de super-héroïnes dérivé de l'univers de Spider-Man de chez Sony, qui n'a convaincu personne à sa sortie en salles lors de la dernière Saint-Valentin. Ses comédiennes principales ont retenu la leçon : Dakota Johnson a promis qu'on ne l'y reprendrait plus, pendant que Sydney Sweeney s'est publiquement moquée de ce flop.

Voici notre critique de Madame Web, à découvrir à vos risques et périls, ce soir en crypté.

Après les deux volets de Venom et Morbius, le studio Sony racle les fonds de tiroirs des super-héros Marvel qu’il a le droit d’exploiter au cinéma. Voici donc Madame Web, personnage issu des comics Spider-Man et surtout connu des aficionados, que le film adapte de façon très (très) libre : après un accident où elle frôle la mort, l’ambulancière Cassandra Web (Dakota Johnson, léthargique) se découvre la capacité de voir des bribes du futur. Coïncidence, c’est à ce moment-là qu’elle croise la route de trois jeunes femmes (jouées par Sydney Sweeney, Isabela Merced et Celeste O’Connor) à qui le mystérieux Ezekiel Sims (Tahar Rahim, qui fait ce qu’il peut), doté de pouvoirs surhumains, veut faire la peau. 

Une base potable de thriller fantastique, mais pour en arriver là, le film prend des détours pas possibles entre l’Amazonie - où la mère de Cassandra a perdu la vie en cherchant une araignée au venin magique - et un programme secret de la CIA qui tombe à point nommé pour justifier le déroulement de intrigue. Le scénario, abracadabrantesque dès qu’il tente de justifier sa mythologie, multiplie les incohérences et les dialogues explicatifs jusqu’à l’overdose. Un vrai petit monstre de Frankenstein, dont on aperçoit constamment les cicatrices (des dialogues redoublés en post-production par ci, une séquence entièrement coupée par là…). Le montage a dû être un calvaire.

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Toxic

L’ennui guette, les acteurs sont en pilote automatique et la réalisatrice S.J. Clarkson s’avère incapable de rattraper l’affaire sur le plan de la mise en scène : le pouvoir de Cassandra ne lui inspire que des flash-forwards ultra répétitifs, alors que son découpage illisible de l’action ôte toute tension aux rares moments censés procurer de l’adrénaline.

Sans goût ni odeur, Madame Web a des airs de film de super-héros préhistorique, comme s’il avait été enfermé pendant 20 ans un coffre-fort avant que quelqu’un n’ose l’en sortir. D’ailleurs, pour une raison qui nous échappe encore, l’action est censée se dérouler en 2003 (époque qui se résume ici à des téléphones vintages, Toxic de Britney Spears en fond sonore, des placements de produits Pepsi dans tous les sens et un poster géant de Beyoncé faisant la promo de l’album Dangerously in Love. Belle reconstitution). Il est plus que temps qu’un ponte de Sony se décide à débrancher la prise de ce « Spider-Verse » du pauvre. 

Madame Web, de S.J. Clarkson, avec Dakota Johnson, Tahar Rahim, Sydney Sweeney, Isabela Merced, Celeste O’Connor… Durée : 1 h 57. Voici sa bande-annonce :


"Les gens annulaient leurs préventes..." : les conséquences du désastre de Madame Web