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C’est encore un secret assez bien gardé, mais la Corée ne produit pas seulement des films de genre ou des comédies romantiques. Régulièrement, la péninsule envoie des scuds animés qui font parfois mal. Très mal. C’était le cas de Oseam ou de Wonderful Days. Et ce fut le cas de King Of Pigs. Premier film de Yeon Sang-ho, présenté à cannes il y a deux ans, ce thriller noir, dense et brutal, imposait un nouveau nom sur la carte du cinéma asiatique. L’animation rudimentaire (pas de background, des mouvements saccadés et un dessin minimaliste) était rattrapée par le nihilisme du script qui résumait assez bien tous les excès (graphiques, sadiques et enragés) du jeune cinéma coréen. Plongée sans rémission dans le quotidien de l’école et de la jeunesse coréenne, le film multipliait les flashs de violence pour sonder les racines du mal en suivant le « roi des porcs », un élève qui décidait de venger l’humiliation de deux de ses camarades par une extrême violence. Deux ans plus tard, The Fake (Saibi) présenté à Annecy reprend les mêmes recettes. Encore plus dark, encore plus dérangeant (mais toujours aussi frustre en terme d’animation), le film s’attaque à la religion en tant que force morale et organisationnelle et met surtout en perspectives - quasiment dos à dos - les victimes et les bourreaux.   Un village va bientôt être noyé pour permettre la construction d’un barrage. Une Eglise provisoire est alors construite pour unir la population et c’est là que le film met face à face trois personnages. Il y a Choi, un type recherché par la police qui organise le racket des villageois en détournant le denier du culte ; Min Chul est un ancien détenu, un homme violent qui revient chez lui pour retrouver sa femme et sa fille et va mettre à jour ce détournement ; enfin il y a le beau Révérend Sung, complice silencieux des plans de Choi et qui va vite vouloir écarter Choi et Min Chul de sa route…  Yen Sang-ho va très loin dans le tableau apocalyptique d’une Corée totalement corrompue où plus personne ne peut être sauvé. Le beau révérend, mutique et digne, cache en fait d’horribles secrets ; le « héros » qui sort de taule bat sa fille, boit et insulte les gens avec constance et se fait tabasser en retour ; les entrepreneurs locaux sont tous véreux, violent de simples villageoises, et n’hésitent pas à jouer du couteau ou à défoncer des gueules dans les chiottes. Face à cela, les villageois sont au mieux des crédules qui fuient le réel dans une religion de zélotes… On pense beaucoup aux grands maîtres du noir - à Ellroy pour son nihilisme désespéré, à Cain pour l’absence d’espoir ou Willeford pour la critique de la religion - mais également à certains moralistes comme George Orwell et à son concept de common decency, la décence du peuple qui est ici constamment bafouée. Dans ses meilleurs moments, The Fake est une rhapsodie cruelle, une bacchanale de violence qui entend dénoncer l’horreur sociétale avec un script coup de poing. La critique énervée du cinéaste en fait un cousin de Park Chan-Wook. Mais quelques belles idées de mise en scène ne parviennent pas à masquer la piètre qualité du dessin et de l’animation, qui reste le point faible de ce nouveau long-métrage par ailleurs férocement décapant.  Edouard SonderborgBande-annonce de The Fake, qui n'a pas encore de date de sortie :  Voir aussi :Tous les événements du Festival d'Annecy 2014