"Une bouse", "un navet", "un malaise". La presse française dézingue le premier drama made in France de Netflix.
C'était l'un des événements télé de ce premier semestre 2016. La première série Netflix produite en France, avec des acteurs français, un scénariste français, dans un décor français. Marseille devait être une sorte de House of Cards de la côte d'Azur, un drama politique haletant porté par un face à face terrible entre deux stars, Gérard Depardieu et Benoît Magimel. Mais Marseille pourrait bien se noyer brutalement au fond du vieux port.
En tout cas, rarement une série aura été aussi mal reçue par la critique. La fiction a été présentée la semaine dernière à quelques journalistes, en avant-première, au Festival Séries Mania (la plupart ont vu 5 épisodes sur les 8 tournés). Et les premières reviews sont particulièrement cinglantes.
Le premier à taper, c'est Telerama. Dans son papier, le spécialiste des séries Pierre Langlais parle d'emblée du "premier navet 'maison' de Netflix". Il décrit : "On découvre d'abord surpris, puis consterné, enfin hilare face à la pauvreté de son scénario, l'indigence de ses dialogues, la lourdeur de sa mise en scène et la faiblesse de son interprétation". Il explique ensuite que Marseille est avant tout un "un soap sur fond de politique" et qu'il s'apparente finalement à un véritable "raté industriel pour Netflix (...) Un ratage tellement énorme qu'il en deviendrait presque fascinant".
Marseille - Dan Franck : "Non, ce n’est pas un House of Cards à la française !"
Même son de cloche dans Le Monde, où Pierre Sérisier commence sa critique par ces mots : "En langage châtié, cela s'appelle un accident industriel. En langage courant, cela s'appelle une bouse". Selon lui, "la grande faiblesse de Marseille est que cette série ne sait pas ce qu'elle veut être. Au fil des épisodes, elle donne le sentiment de ne pas vouloir être une série, sans parvenir à devenir autre chose." Il fait ensuite part de son étonnement et s'interroge : comment personne n'a pu voir venir la catastrophe chez Netflix ? "Ce qui est vraiment inquiétant, c'est que personne, à aucun moment, n'ait tiré la sonnette d'alarme (...) Il y a bien eu des gens pour relire, pour regarder, puis s'inquiéter, non ? Pour suggérer de modifier des dialogues qui s'empilent légers comme des parpaings, pour proposer de couper les ralentis et les plans aériens sans intérêt, pour choisir une playlist un peu moins guimauve ?"
Dans sa dépêche, l'AFP est à peine moins dure et décrit la série comme "l'image d'une terre de voyous, de femmes-objet et de mafieux qui règnent sur Marseille avec le maire, joué par un Gérard Depardieu, qui a l'air de s'ennuyer (...) Le casting prestigieux peine à installer une intrigue, desservie par ses dialogues"
Le site Ecran Large tempère quelque peu toutes ces critiques et estime que "Marseille n'est ni une catastrophe, ni un scandale, et encore moins une merveille." Le journaliste, Geoffrey Crété y voit surtout "une série d'une banalité totale." Il regrette notamment que la fiction soit "bien plus intéressée par ses intrigues familiales que par sa texture de tragédie politique. Le décor de cette belle tragédie est bel et bien planté, mais la scène de théâtre est terriblement vide."
Finalement, dans les pages de Ouest-France, Alice Adéjès voit dans cette série événement "du vent et un malaise palpable : une opération de communication sans fond, ça se voit (...). Tout ça flaire l'ambition manquée et un projet bancal".
Aux téléspectateurs de se faire un avis désormais. Marseille sera mis en ligne sur Netflix le 5 mai prochain et les deux premiers épisodes seront même diffusés sur TF1 le jeudi 12 mai.
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