Cette nouvelle version en 8 épisodes n'est pas ratée. Elle n'a juste pas grand chose à ajouter.
Merteuil et Valmont sont de retour ! 250 ans après sa publication, Les Liaisons dangereuses continuent d'inspirer la production hollywoodienne. Il faut dire que l'histoire de Pierre Choderlos de Laclos, soufflée par la société de son époque, s'applique encore étonnamment à notre société actuelle. Roger Kumble l'avait bien compris en écrivant (et réalisant) son Sexe Intentions, en 1999, transposant les intrigues sensuelles de l'aristocratie française au coeur de la Haute new-yorkaise.
25 ans plus tard et après moult tentatives de revival avortées (un pilote avec Sarah Michelle Gellar- rejeté par NBC - avait même été filmé en 2015), Prime Video tente le remake pur et simple. Une adaptation sérielle en 8 épisodes, qui reprend Sexe Intentions, parfois plan pour plan. On retrouve pêle-mêle la fameuse voiture de collection, la croix autour du cou remplie de cocaïne, la chambre avec le canapé XIXe, les bouclettes du séducteur... Clin d'œil ultime : Sean Patrick Thomas, qui jouait le professeur de musique de Cecil (Selma Blair) dans le film original, revient ici pour jouer un autre professeur...
La véritable évolution de la série se trouve dans sa localisation. Tandis que le film se déroulait pendant les grandes vacances, avant la reprise du lycée, la version Prime Video de Sexe Intentions se passe au sein d'une Université privée de la côte est, et essentiellement dans les fameuses fraternités et sororité élitistes, qui font la pluie et le beau temps sur le campus. L'occasion pour la série de dénoncer le népotisme lié à ces organisations qui perpétuent les inégalités sociales en Amérique ? Faut pas pousser non plus !
Sexe Intentions, c'est d'abord et avant tout un nouveau Gossip Girl (on retrouve aux manettes la même productrice, Sara Goodman), où la jeunesse dorée de Washington se clashe, s'encanaille et tombe évidemment amoureuse. Les Kappa, Sigma et autres Delta ne sont qu'un décorum d'une teen série sérieusement dépourvue d'imagination ou d'inventivité. Ces Cruel Intentions 2024 n'apportent rien de neuf au film de 1999 et seraient même nettement moins mordantes. Cherchant à utiliser les mêmes éléments de malaise, les mêmes ressorts tabous, la série en devient du coup un peu ringarde. Voire gentillette. L'évolution des mœurs est passée par là et ce qui paraissait sexy, mordant, voire choquant il y a 25 ans, sonne presque banal aujourd'hui.
Alors quel intérêt ? Cette redite de Sexe Intentions n'était sans doute pas nécessaire. Mais elle a été bien produite. Rythmée et bien dialoguée, elle bénéficie surtout de la présence d'un nouveau visage angéliquement vénéneux. Dans la peau de cette Caroline Merteuil intraitable mais attachante, Sarah Catherine Hook (croisée dans First Kill sur Netflix) tire son épingle du jeu et parvient à se glisser langoureusement dans les draps de soie de Sarah Michelle Gellar. Une petite prouesse quand on sait à quel point la Kathryn Merteuil de 1999 a marqué la pop-culture de son empreinte.
Sexe Intentions, saison 1 en 8 épisodes sur Prime Video depuis le 21 novembre 2024.
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