Ce soir lundi 21 mars 2011 à 20h35, Mireille Dumas présentera Télévision, ton univers impitoyable sur France 3. A travers les témoignages de ceux qui la font, c’est une plongée dans la réalité derrière l’écran de télé qui nous est proposée. Mireille Dumas a répondu à nos questions sur les coulisses de l’émission.

Ce soir lundi 21 mars 2011 à 20h35, Mireille Dumas présentera Télévision, ton univers impitoyable sur France 3. A travers les témoignages de ceux qui la font, c’est une plongée dans la réalité derrière l’écran de télé qui nous est proposée. Mireille Dumas a répondu à nos questions sur les coulisses de l’émission.pagebreakMireille Dumas a commencé sa carrière à la télé dans l’émission Sexy Folies en 1986. Elle présente ensuite Bas les masques sur France 2, de 1992 à 1996. Suivra La vie à l’endroit de 1997 à 2000 sur la même chaîne. Depuis 2000, elle est à la tête de Vie privée, vie publique sur France 3.Celle qui est aussi réalisatrice et productrice de reportages et de documentaires présente ce soir Télévision, ton univers impitoyable, une émission sur le quotidien de la télé et de ceux qui la font. Pression, injustices, évictions… Sans langue de bois, les présentateurs télé répondent présents à l’appel de Mireille Dumas.pagebreakComment est venue l’idée de faire Télévision, ton univers impitoyable ?L’idée est venue l’année dernière. On avait fait deux soirées sur France 3 sur les personnes qui avaient marqué le petit écran. En faisant les portraits, on s’est rendu compte qu’on parlait de la télé. On s’est dit que ce serait intéressant de faire des portraits d’animateurs d’aujourd’hui. Il y a plein de thématiques à explorer. On peut revenir.Comment l’émission a-t-elle été montée ?On a travaillé en équipe. J’ai beaucoup travaillé sur le montage et la ligne éditoriale. Trois personnes sont allées filmer dans les couloirs des chaînes de télé. Tous ceux qu’on a contactés ont répondu présent. On a pu rencontrer des personnes qui marquent le petit écran. Ils n’ont pas utilisé la langue de bois, car ils savaient qu’ils allaient parler. Le succès tient à notre travail sérieux et respectueux de leur parole.Quel est le but de l’émission ?Le but du travail, c’est d’effacer le travail. Le but de Télévision, ton univers impitoyable, c’est de montrer ce travail. Derrière les sourires, il y a la réalité du métier. Tout le monde a envie de faire de la télé, mais ça peut être très rude.Y-a-t-il un témoignage qui vous a plus touché que les autres ?Ce qui m’a frappé, c’est que tout le monde assume les choses. Ils ne sont dupes de rien. Ils ont le cuir tanné et beaucoup de sang-froid, et même pour certains de l’humour envers eux-mêmes. La sérénité de Jean-Pierre Pernaut m’a bluffée, celle d’Arlette Chabot aussi. J’ai été surprise de retrouver les mêmes mots dans leur bouche et dans celle de Jean-Marc Morandini, Patrick Sabatier… : "coup de massue", "hébété" quand leur émission s’est arrêtée. Ils ont parfois mis quelques mois à s’en remettre. Certains ont pu rebondir. Sabatier, il s’est effondré un moment, puis il s’est relevé ; il a travaillé des années sur la TNT avant de revenir sur les grandes chaînes. Ceux qui s’en sortent le mieux, ce sont les journalistes. C’est plus compliqué pour les animateurs ; s’il n’y a pas d’antenne, il n’y a plus rien.Arlette Chabot s’est-elle confié sur les raisons de son départ de la télé pour la radio ?Non, elle n’en a pas parlé. Son entourage en parle.pagebreakY-a-t-il plus de pression pour une femme que pour un homme à la télé ?C’est plus difficile d’être une femme à la télé, par rapport à l’image. Il y a une grande différence entre les animatrices et les journalistes, à cause du diktat de l’âge. De manière générale, il y a une injustice entre les hommes et les femmes qui existe toujours. On est très peu d’animatrices-productrices, et celles qui le sont le sont depuis très peu de temps.Que pensez-vous du déballage de la vie privée de certains dans les médias ?Autrefois, la communication sur la privée se résumait à : "Tout va bien." Aujourd’hui, c’est plus trash. Il y a une confusion vie privée - vie publique. On m’a moi-même demandé de faire des interviews, des photos dans des moments douloureux de ma vie. J’ai refusé. Il faut avoir une ligne de conduite ; on n’est pas obligé de livrer sa vie privée pour faire carrière. Mais c’est une tendance qu’on observe de plus en plus. Il y a une dérive du désir de transparence des gens. Vie privée, vie publique, c’est comme ça qu’on a commencé. Dans la première émission en 2000, on étudiait le phénomène de la télé-réalité en Espagne, la télé qui entrait dans l’intimité des gens. "La frontière est en train de bouger." Six mois après, Loft Story arrivait en France. C’est beaucoup venu avec Internet, des anonymes qui filment leur vie privée et la font partager à tous. C’est ce qui a donnée l’idée du loft au patron d’Endemol. Puis il y a eu un mouvement général.La télévision reflète-t-elle la vie ?La télé est un miroir grossissant. La télévision est impitoyable, mais la vie l’est aussi. La télévision, c’est la vie en un peu plus grossi.pagebreakLa télé d’aujourd’hui est-elle plus impitoyable que celle d’hier ?Ça a toujours été comme ça. A l’époque, les méthodes étaient les mêmes. Michel Drucker par exemple, à quarante ans on lui a fait comprendre sur Antenne 2 qu’il était trop vieux ; il est parti sur TF1 où il a réussi. Et c’était il y a plus de vingt ans ! Les présentateurs sont soumis à la pression ; les audiences, le rythme d’enregistrement, le direct, le regard du public, les journaux… Ça va vite, il y a des relations tendues, des tensions répétées, de la violence dans le travail. Ça amène les personnes, même fragiles, à s’endurcir. Mais en même temps, c’est devenu plus violent, plus dur de durer.Quelle est la recette pour durer ?Il y a une particularité, un savoir-faire propre aux uns et aux autres. C’est pour ça qu’ont est là où on est. Il faut se ressembler ; quand on triche, ça se voit. Il faut du talent, beaucoup travailler… Et beaucoup encaisser. Il y a toujours des accidents ; il s’agit de retomber sur ses pieds. Il faut se ressembler, mais il faut savoir bouger, se remettre en question. Mais on est tous remplacés. A chaque époque, il y a des choses nouvelles. Les jeunes d’aujourd’hui peuvent inventer ; il y a toujours tout à refaire.Dure-ton plus longtemps en restant sur la même chaîne ?En faisant de longues périodes sur une chaîne, on s’inscrit dans la durée sur une chaîne, on met en place un rendez-vous avec les téléspectateurs. Quant on change de chaîne, il faut du temps au public pour vous repérer.Quel est votre secret de longévité ?J’ai toujours été dans mon créneau. Je suis journaliste, je n’ai jamais eu de problèmes par rapport à mon image, à mon âge.Comment voyez-vous la suite de votre carrière ?Je suis toujours dans le temps présent. Le journalisme est ma passion. La suite de ma carrière, ce sera des reportages et des documentaires. On peut le faire à tout âge.pagebreakAugustin Charpentier