-
Alors que le noir et blanc de Blancanieves servait à accentuer le contraste entre les bons et les méchants, la dualité est encore au coeur d'Abracadabra, mais de façon plus complexe. Cette fois, un changement d'identité est l'occasion de suggérer que le bien et le moins bien sont quasiment indissociables. Carmen (Maribel Verdu) est une mère au foyer dont le rêve d'une vie agréable est compromis par son mari Carlos (Antonio de la Torre), un macho obsédé de foot. A la suite d'une séance d'hypnose, Carlos est accidentellement possédé par l'esprit d'un mort. Du jour au lendemain, il devient charmant et se révèle un danseur irrésistible. Mais il y a un hic: le séducteur qui l'habite était un tueur en série. A partir de cette hypothèse lointainement inspirée des Mains d'Orlac, le récit traite les différents aspects de la modification de personnalité en faisant des détours par la farce, le thriller, le documentaire social et même la comédie musicale, avant de finir en fable sur la difficulté à choisir entre le souhaitable et le détestable, entre le fantasme et la réalité. Servi par des interprétes solides, dont sa comédienne fétiche Maribel Verdu, qui jouait la méchante dominatrice de Blancanieves, Berger orchestre son ballet tragi-comique avec une générosité parfois excessive, sa tendance à en rajouter risquant de provoquer la confusion. Mais en fin de compte, dans ce registre qui rappelle Alex de la Iglesia, trop vaut toujours mieux que pas assez.