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Amin trime dur en France depuis neuf ans pour faire vivre sa famille restée au pays -le Sénégal, en l’occurrence. Logé dans un foyer de travailleurs immigrés, où il côtoie d’autres déracinés minés par l’éloignement et la solitude, Amin rencontre un jour Gabrielle, femme divorcée chez qui il effectue un terrassement. Le désir s’immisce, l’amour peut-être... Peintre de l’immigration et de ses problématiques spécifiques (la religion castratrice dans Samia, l’émancipation compliquée dans Fatima, la radicalisation intégriste faute d’espoir dans La Désintégration), Philippe Faucon porte cette fois son regard plein de compassion sur ces travailleurs de l’ombre dévolus aux tâches ingrates et harassantes. Le film leur donne une visibilité (et donc une humanité) sans tomber pour autant dans l’angélisme droit-de-l’hommiste. Amin est un être de paradoxes malgré lui : étranger en France ainsi qu’en son pays et à sa famille (sa femme le lui fait vertement savoir à chacun de ses retours épisodiques), il est prisonnier d’un système et d’une condition qui l’obligent à travailler au noir et à céder à ses pulsions primaires. Fidèle à son minimalisme (formel et psychologique), Faucon ne le juge pas, pas plus qu’il ne caricature l’élan passionnel de Gabrielle, davantage troublée par la douceur et la timidité d’Amin que par son “exotisme”. Moustapha Mbengue, Emmanuelle Devos, Marème N’Diaye (l’épouse) sous-jouent à bon escient, s’inscrivant dans la ligne claire de l’auteur. Ils sont formidables.