Toutes les critiques de April Snow

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sophie Grassin

    Ils le découvrent à l'occasion d'un accident : leurs conjoints respectifs étaient amants (...) Scandé par la mort, ponctué par la chute d'une neige délicate qui rend les paysages comateux mais lie les deux héros comme un serment éternel, April Snow, beau film tout en retenue, joue sur les regards. La lenteur. Les silences.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Mélo complet frôlant involontairement le surréalisme, April Snow est une assez pénible leçon de sentiments, avec toute la pudeur et la réserve où le bon goût les cantonne. De l'adultère qui tourne au drame jusqu'aux premiers effleurements, on a juste le temps pour une bonne sieste. A ne pas manquer (ça peut être utile).
    In-su et Seo-young ne sont vraiment pas gâtés par la vie. Non seulement apprennent-ils brutalement que leur conjoint et conjointe respectifs sont à l'hôpital, grièvement blessés à la suite d'un accident de voiture, mais aussi que les deux corps s'étant froissés dans la même et unique carcasse métallique, il s'agissait probablement d'une histoire adultère. Entre peine et colère, les deux cocus se retrouvent tous les jours à l'hôpital, pour accompagner les souffrances de l'une et le coma de l'autre. Une situation fort délicate, qui après la gêne, les conduit fatalement à se rapprocher l'un de l'autre. Sur ce postulat d'une subtilité pachydermique (et qui rappelle L'Ombre d'un soupçon de Sidney Pollack), qu'un Douglas Sirk aurait pu considérer avec envie ou qu'un Almodovar aurait rendu torride ou baroque, le jeune cinéaste coréen Jin-Ho Hur s'en tient strictement à ce qui pourrait devenir les basics du nouveau cinéma coréen : rigueur et fixité des plans, silence et gestes réduits, ellipses évidentes et pleines de sens. La pudeur des personnages semble déteindre à tel point sur la mise en scène qu'on en viendrait presque à se dire qu'Hong Sang-Soo, à côté, c'est du Tarantino.Douceur, sensibilité exacerbée, lenteur, précision dans le micro-mouvement : le film se construit ainsi sur la gamme d'un Wong Kar-Wai, creusant une sorte de sillon de l'intime universel. Malheureusement, la maîtrise lui manque pour ne pas succomber au ridicule de toutes ces impressions/situations de vie. Ainsi, lorsque les deux concubins esseulés se tombent finalement dans les bras, la scène d'amour nous met en présence deux individus semblant découvrir pour la première fois le corps du sexe opposé. Emotions, on se regarde sans se toucher puis on se touche sans se regarder... Le cinéaste tente-t-il par là de nous montrer une sorte de passion « pure », nettoyée de ses affects les plus violents ? La question se pose et dérange, tant le film, au fur et à mesure, ne cesse de tourner autour de ce qu'il ne sait absolument pas montrer, ni même suggérer : l'amour.A force de vouloir filmer des sentiments contenus et réprimés, April Snow semble au final totalement dénué de vie, de sève, d'ardeur. Sorte d'hymne aux petites vies des gens polis, il voudrait retrouver la tension du calme avant la tempête, mais il se consume aussi vite qu'un dernier souffle avant la mort.April Snow
    Une film de Jin-Ho Hur
    Corée du sud, 2005 - 1h45
    Avec : Ye-jin Son, Yong-jun Bae, Sang-Hyo Lim
    Sortie en salles (France) : 12 avril 2006[Illustrations : © Pretty Pictures]